On se le dit
à chaque fois : cela commence à bien faire ! On
ne peut pas sortir comme ça 2 ou 3 albums ou
équivalent par an sans être
irréprochable.
Alors, quand est sorti le double album Lilith, on avait quelques doutes, Pourtant, autant de chansons de qualité sur un seul album, ça frôle la provocation … puis vint ensuite Parfum d'acacia au jardin, album déguisé en DVD avec de superbes images live.
Enfin pour enfoncer le clou, Jean Louis Murat, fut de retour cet hiver en compagnie de Fred Jimenez et de la belle Jennifer Charles pour un très réussi album pop (A bird on a poire) hors du temps et hors de l'orbite habituel (ou tout du moins connu) de notre auvergnat national.
Arrive donc avec le printemps ce nouvel album, intitulé Moscou et rappelant donc de fait le Moujik et sa femme plutôt que Lilith. La couleur de la pochette, l'inscription du titre en cyrillique le confirment : Moscou est un album qui regarde vers l'Est et notamment du côté de Pouchkine auquel "La fille du capitaine" rend hommage.
Pouchkine dont les correspondances ont conduit Murat sur les traces d'un auteur oublié du 19ème siècle, Pierre Jean de Béranger dont il interprète 3 textes sur Moscou ("La bacchante", "La fille du fossoyeur" et "Jeanne la rousse"). Et il ne s'arrête pas là puisque l'album 1829 à paraître (et déjà en téléchargement payant sur son site) est entièrement consacré aux chansons de Béranger.
En attendant, nous voici face à 14 chansons et toujours cette même impression de s'être bien fait avoir en pensant que cette fois ci ce ne serait pas aussi réussi qu'avant. En effet, nous aurions bien du mal à écarter tel ou tel autre titre sur ce disque aux ambiances et aux textes aboutis et succulents.
Déjà présent sur Lilith, Dickon Hinchliffe des Tindersticks récidive ici sur 3 morceaux auquel il apporte à nouveau de plus ("La fille du capitaine") ou moins ("Et le désert avance") discrètes retouches apportant à l'album une douce mélancolie notamment sur "Colin-Maillard". De son côté la très en vue Camille apporte sa contribution sur le duo "L'amour et les Etats-Unis" nous ramenant l'espace d'un instant vers a Bird on a poire.
Mais évidemment, le duo marquant et improbable de ce disque est celui de "Ce que tu désires". Tout d'abord parce que cette chanson est une des plus belles du disque, peut être une des plus belles de Murat si par malheur il fallait faire un choix, mais aussi parce qu'il est interprété avec la très en vue Carla Bruni, fan, paraît il, de Murat depuis longtemps et auteur d'un album de chansons à succès il y a peu (et accessoirement ex mannequin). Et bien malgré tout cela, ce titre réussit à nous captiver par sa mélodie, son refrain sur lequel la voix éraillée de Carla Bruni se marie plutôt agréablement avec la fausse douceur de celle de Murat, décidément voué à faire chanter les voix "difficiles" (Isabelle Huppert, Camille et maintenant Carla Bruni).
Dans un tout autre genre et pourtant tout aussi épatant, "L'almanach amoureux" nous transporte sur les terres paysannes de son Auvergne natale en mettant en chanson les dictons populaires que nous ont appris toutes nos grands-mères.
"Foulard rouge", "Colin-Maillard" ou "La fille du fossoyeur" sont tout autant intéressantes et le "Winter" de fin de disque venu se poser là comme un "(cheyenne) Autumn" célèbre n'est pas pour déplaire ... bien au contraire.
Mélangeant textes originaux et mises en chanson de textes du 19ème siècle cet album est pourtant étonnement cohérent et l'alternance de chansons pop rock comme "Nixon" avec des chansons très intimistes telle que "Ce que tu désires" ou "Et le désert avance" font de ce Moscou une des plus grandes réussites de Jean Louis Murat à ce jour qui, il faut le reconnaître, le temps passant et les albums se multipliant se bonifie avec le temps...
Mais qu'en sera t il d'un hypothétique album de l'automne ? On ne peut pas faire d'aussi bon disque aussi souvent !!!
En attendant, procurez-vous le poème de 1000 vers intitulé 1451, vendu par correspondance uniquement sur le site de Murat, comportant un livre, un CD et un DVD...
En concert au théâtre Edouard VII à Paris les 4, 11 et 18 avril et dans toutes la France, calendrier complet sur le site de Jean Louis Murat.