Comédie dramatique de Sonia Nemirovsky, mise en scène de Bertrand Degrémont et Caroline Rochefort, avec Grégory Barco, Suzanne Marrot et Sonia Nemirovsky.
Une femme anonyme ouvre une vieille et rudimentaire boîte en bois brut, reliquaire du passé, boîte à souvenirs, peut-être à secrets, de laquelle vont s'échapper des voix.
Le texte de Sonia Nemirovsky intitulé "Le Vol", qui renvoie à l'époque de la dictature argentine qui a brisé "le vol d'une jeunesse, d'une insouciance, d'un premier amour, le vol d'un pays", n'est pas tant une partition théâtrale que littéraire sur le thème classique de l'Histoire avec une majuscule qui bouleverse les histoires des hommes décliné selon le registre de l'évocation et un mode polyphonique teinté de réalisme magique.
Ces voix sont celles des protagonistes d'un amour de jeunesse, d'une "disparue" et de l'exilé qui a fui son pays, leurs paroles d'amour heureux et plein de promesses, puis leurs cris lancés comme des bouteilles à la mer.
Pour sa transposition scénique, Bertrand Degrémont et Caroline Rochefort ont opté pour une approche plus symbolique et chorégraphique que dramatique et réaliste en s'arc-boutant sur la dramaturgie du corps.
Seuls des dessins à l'encre de Chine exécutés à main levée par le graphiste Pierre Constantin et projetés en fond de scène et quelques pas de danse sur des airs sud-américains posent l'ancrage spatio-temporel d'une tragédie à la portée universelle et intemporelle.
ur le plateau nu, aux côtés de Suzanne Marrot qui campe la figure équivoque d'une Mnémosyne contemporaine porteuse du devoir de mémoire, Sonia Nemirovsky et Grégory Barco délivrent une performance sensible pour incarner les voix de l'ultime souffrance et de l'âme douloureuse pour elle, et; pour lui, de la souffrance de la perte et du souvenir. |