"L'esprit est la force, la vie qui se trouve en toute chose."
En Lingala, langue bantoue parlée en République Démocratique du Congo, Mbongwana signifie changement. C’est ce changement, ou comment présenter une autre vision de la musique traditionnelle Congolaise loin de tout folklorisme qui est au centre du disque de Mbongwana Star.
Confronter cette musique entre modernisme et orthodoxie de la rue, entre ultra urbanité et ruralité ancestrale, à son propre passé et à son futur, et faire émerger quelque chose de nouveau loin des stéréotypes souvent véhiculés qui ne demandent qu’à être explosés. Kinshasa est la ville idéale pour cela. Tentaculaire ville miracle, ville des possibles. Pour qu’il y ait révolution, il faut une étincelle, une explosion. Ici, ce sera la rencontre entre Liam Farrell plus connu sous le nom de Doctor L, activiste de la scène dub / hip-hop / électro Française vu également avec Bumcello ou Assassin et producteur du Black Voices de Tony Allen et Coco Ngambali et Theo Nzonza, d’anciens membres du groupe culte Staff Benda Bilili, rendu célèbre par le documentaire de Renaud Barret et Florent de la Tullaye, auxquels se sont joint de jeunes musiciens plein de fougue et d’avenir et plutôt ouverts aux musiques occidentales (hip-hop et dub).
Ce From Kinshasa offre un mélange incantatoire, fusion hallucinante entre rumba, électro rock, Soukous, blues psychédélique, cold-wave, post punk et ndombolo, dans une atmosphère très Warpienne. Une musique extrêmement rythmée qui amène à la transe (merci les boucles rythmiques répétitives et le chant tel un mantra) éloignée du cliché simplement et bêtement tribal. Un souffle forcément immersif, forcément obsédant et hypnotique qui ne sacrifie rien de son identité congolaise en faveur d'une perspective absolument futuriste et globalement mondiale.
D’une puissance asphyxiante, tonitruante et parfois anxiogène, Mbongwana Star nous propulse en pleine cérémonie chamanique collective (un des premiers rapports à la danse), représentation dramaturgique communautaire, en jouant une musique à la beauté féline, répétitive, entre polyrythmie, polytonalité, gammes pentatoniques. Ils sont les dignes successeurs de François Poto Galo, Joseph Mbungu, Paul Kamba, Joseph Kabasele, African Fiesta Sukisa, OK Jazz ou Papa Wemba et avec ce disque, ils ouvrent une nouvelle ère de la musique congolaise et plus largement Africaine. Tout simplement.
Avec la mort de Lynch, c'est un pan entier de la pop culture qui disparait, comme ça, sans crier gare. Il reste de toute façon sa discographie qui n'a pas attendu sa mort pour être essentielle. Pour le reste, voici le sommaire. Retrouvez-nous aussi sur nos réseaux sociaux !