Spectacle chorégraphique de Maria Clara Villalobos, interprété par Barthélémy Manias, Coral Ortega, Alberto Velasco et Clément Thirion.
Le 29 mai 1913, le public du Théâtre des Champs-Elysées hue Stravinsky et Nijinsky à l'issue de la première représentation du "Sacre du printemps". Leurs détracteurs qualifieront alors le ballet de " Massacre du printemps".
La chorégraphe brésilienne Maria Clara Villa Lobos, installée à Bruxelles depuis 1995, propose avec "Mas-Sacre un spectacle sur la musique de Stravinsky en forme un clin d'oeil au centenaire de cet événement, autour du thème de l'abattage industriel des animaux par l'industrie agroalimentaire.
En fond de plateau sont projetées des vidéos qui montrent les images d'une chaîne de dépeçage et de traitement des volailles. Ces vidéos rappellent celles que Morrissey fait projeter en fond de scène lorsqu'il interprète "Meat is murder". Habillés en ouvriers, les danseurs répètent les mouvements mécaniques en se passant de main en main des corps froids et flasques des poulets, leur arrachant la tête et les pattes avant de les emballer en barquette sous cellophane
Cependant, la machine est grippée. Si on est ce que l'on mange, alors bientôt les ouvriers deviennent à leur tour de la viande qu'on mène à l'abattoir, et se retrouvent littéralement tués à la tâche, sur leur lieu de travail par leur contremaître, leurs corps gisant au sol au milieu des pattes et des têtes de poulet coupées.
La chorégraphie se poursuit, enchaînant les scènes cruellement drôles, comme lorsque la danseuse Coral Ortega, installée nue sur un plateau de découpe en inox que ne renierait pas Dexter, imite les positions d'un poulet que manipulent ses comparses, ou lorsque Alberto Velasco, danseur au physique d'ogre, déguisé en fillette se fait attaquer par des clowns à cheveux rouges, qui rappellent Ronald McDonald, prêts à le dévorer, comme dans "Soleil Vert", le film de Richard Fleischer "Mas-Sacre" est une pièce militante mais aussi truculente, punk, trash...
C'est une chorégraphie qui fait mentir tous ceux qui disent que la danse contemporaine est un art difficile à aborder.
Avec "Mas-Sacre", Maria Clara Villa Lobos et les danseurs de la Compagnie XL Production prennent plaisir à choquer, voire à se vautrer parfois dans le mauvais goût, mais réussissent toujours à faire rire avec un sujet pourtant difficile à aborder, voire caché aux consommateurs que nous sommes tous, l'élevage industriel et sa logique tayloriste.
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