Pour Pascal Héni, chanteur français, qui a fait ses débuts dans le style cabaret avec des reprises des grands de la chanson française, non reconnu dans son pays natal, le chemin du succès passe par l'exil.
Un exil au pays du Taj Mahal et de Bollywood où Pyarelal, le compositeur phare de 500 musiques de film, lui a donné matière pour enregistrer ce premier album éponyme à partir de vieilles chansons populaires du cinéma indien.
Bollywood, c'est le royaume du cinéma populaire, celui qui puise ses racines dans la tradition du conte, qui chante et qui danse, une industrie cinématographique de 800 productions annuelles, qui compte 5 milliards d'entrées et dont les bandes originales se vendent mieux que les disques des stars américaines.
Encore que tout est question de goût et de mode. Et tout paraît kitsch et gorgée d'eau de rose pour midinettes fleur bleue parce que l'iconographie est différente. Les couleurs vives, l'esthétique baroque, le style naïf, constituent des éléments pérennes de la culture populaire indienne à l'image des temples colorés et des palais luxuriants. Une imagerie simple qui n'est pas forcément synonyme de simpliste .
Depuis quelque temps, Bollywood tente une percée hors de ses frontières d'où un certain buzz médiatique autour de l'indomania.
Et Pascal of Bollywood ne surfe pas sur la vague de l'indomania, il est dans la vague.
En effet, tout a commencé, en France, par sa prestation lors de la soirée inaugurale de "Vous avez dit Bollywood ?" la première rétrospective en France du cinéma indien populaire qui s'est déroulée en avril 2004 au Centre Pompidou, grand lieu culturel contemporain s'il en est. Même Arte s'y est mis cette année avec un Théma "Planète Bollywood" en février.
Pour accompagner ce cycle cinéma, Béatrice Ardisson avait produit, sous le titre d'Indomania, une compilation de reprises de tubes planétaires revisitées à la sauce bollywoodienne. Et parmi les chanteurs ou groupes, dontCornershop et Badmarsh & Shri, figurait Pascal of Bollywood avec un "Mozart India" pas piqué des hannetons.
Après une tournée en Inde, il a sorti en France un album éponyme en novembre 2004 et sera en concert à Paris le 22 avril au Trianon qui sera le lieu de
"Bollywood Week End 2" fin avril.
En attendant de le voir sur scène, il ne vous reste plus qu'à écouter son album et là il faut bien reconnaître qu'on sort des registres musicaux connus.
L'album s'ouvre sur "Evening in Paris" une sorte de mambo de cabaret des années 50 particulièrement dansant et tubesque, sorte de standard américain avec quelques envolées indo-symphoniques.
Suivent 12 morceaux totalement jouissifs dont "Johnny D'Jono" aux paroles surréalistes ("Oh ! Ne me parlez pas de sa djellaba/Ni de ses tongues de béké raté/Mais, laminé, il est délicat/Va danser, va dans l'minaret !"), "Zindagi ek safar hai suhana" musique de cow boy et titalalitou tyrolien, "Main shaayer to nahin" qui fait penser aux chants yiddish , un "Ullukulle" arabisant, " Chali Chali re patang" qui lorgne du côté des sonorités asiates et "La vie en rose…indien" qui marche sous toutes les latitudes.
Final spectaculaire avec un orchestre magistral "Tu roop ki rani" rythmé qui donnerait envie de voir Fred Astaire et Ginger Rogers tourbillonner sur ce mélange de registres musicaux.
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