Au printemps 2014, Jean-Paul Dididerlaurent faisait une remarquée entrée en littérature avec un premier roman, "Le liseur du 6h27" unanimement salué tant par la critique que le lectorat.
Avant cet opus au long cours, il a fait ses gammes sur la nouvelle et, en attendant la parution attendue d'un second roman, les Editions Au Diable Vauvert proposent, sous le titre "Macadam", une compilation de dix de ses textes courts écrits entre 1997 et 2012.
Cette sélection de nouvelles, dont certaines déjà publiées dans le cadre de la compilation du Prix Hemingway, prix initié par cet éditeur et dont Jean- Paul Dididerlaurent fut lauréat des millésimes 2010 avec "Brume" et 2012 avec "Mosquito", attestent de
la capacité et du talent de ce dernier face à l'exercice de virtuosité et l'exigence de concision qui président à ce genre qui, au demeurant, ne supporte pas la médiocrité.
Centrées sur un personnage unique et paradoxal car simultanément une personne ordinaire mais au psychisme singulier et le thème de la résilience, elles voguent dans différents registres.
Ainsi, le loufoque ('In nomine tétris"), le drolatique avec une inattendue déclinaison de la théorie du chaos ("Mosquito"), la romance évoquant le slogan publicitaire d'un célèbre site de rencontres ("Macadam") et qui peut conduire au culte morbide ("Sanctuaire"), le surréalisme ("Temps mort") voire le fantastique ("Shrapnel") et le poétique ("Le jardin des étoiles").
Quant à "Menu à la carte", "Brume" et "Rose sparadrap", elles forment une trilogie noire qui éclaire un univers mental perturbé et/ou gravement altéré car la vie n'est pas pour tous un chemin semé de pétales de roses.
Jean-Paul Didierlaurent a trouvé son rythme de croisière scriptural et ne faillit pas pour entendre, et dévoiler, ces âmes douloureuses dont il se fait le narrateur extradiégétique empathique toutefois sans verser ni dans le naturalisme ni dans le pathos. Et, face à leur cri muet, il se fait le médiateur de leur solitude et leurs fêlures avec une belle humanité. |