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Paolo Sorrentino  septembre 2015

Réalisé par Paolo Sorrentino. Italie/France/Suisse/Grande Bretagne. Drame. 1h58 (Sortie le 9 septembre 2015). Avec Michael Caine, Harvey Keitel, Rachel Weisz, Paul Dano, Jane Fonda, Mark Kozelek, Robert Seethaler et Alex MacQueen.

Le cinéaste italien Paolo Sorrentino compte parmi les réalisateurs qui divisent radicalement et contre lequel les journalistes plus spécialement attachés à la culture qui l'abhorrent poussent néanmoins la conscience professionnelle jusqu'au masochisme pour continuer à voir ses films.

Et donc à s'épancher en jugements virulents et hargneux à l'encontre de "Youth", au rang desquels "le pire cinéaste au monde", "entre Resnais pour les nuls et et Fellini-quattro formaggi", à "l'esthétique Ricola", aux "procédés mélodramatiques pachydermiques" pour un film qui est un "grotesque pensum moraliste", un "nanar mystico-grotesque" et "un épate-gogos" à ranger dans le "cinéma low-cost" ou le "junk-cinéma pubard".

Le voici donc, selon l'expression triviale, habillé pour l'hiver, et comme toute contre-publicité, elle s'avère productive puisqu'elle excite la curiosité du spectateur qui ne se résout pas à suivre les les diktats de la critique cinématographique.

Avec "Youth", Paolo Sorrentino livre une comédie jubilatoire qui tient du crépuscule des dieux, ou qui se sont crus des dieux, de la foire aux atrocités et de la comédie humaine dans un microcosme de "happy few".

Dans un décor de carte postale, la Suisse des alpages, et un havre de paix suranné, un luxueux hôtel thermal, dont la clinique architecture intérieure évoque l'antichambre d'une institution médicalisée 5 étoiles, devisent, à la manière des"Conversations sur la terrasse" de la série télévisée humoristique "Palace", deux amis de très longue date et tous deux artistes.

Un chef d'orchestre et compositeur réputé et un réalisateur qui a eu son heure de gloire, interprétés par des acteurs superlatifs (Michael Caine et Harvey Keitel), octogénaires à la fois magnifiques et pathétiques face au naufrage de la vieillesse bien qu'ayant encore bon pied-bon oeil, dont la préoccupation commune tient à l'état de leur miction quotidienne.

En revanche, leur posture existentielle au regard de leur potentiel avenir est diamétralement opposée comme leurs personnalités, un dandy lymphatique et un fonceur trapu, ce qui rend étonnante cette longue et indéfectible amitié.

Renoncement pour le premier qui a pris sa retraite depuis plusieurs années pour se complaire dans une attitude contemplative que sa fille qualifie d'apathie alors même qu'il se positionne avec acuité, paupières lourdes sur un regard reptilien, en spectateur de la vaine agitation du monde.

Apathie qui motive son séjour et où il retrouve le second, cinéaste qui ne se résout pas à raccrocher et se trouve en séjour de brainstorming avec son équipe pour finaliser le scénario d'un film au titre prophétique "Life’s Last Day", son chant du cygne, le chef d'oeuvre qui serait le point d'orgue de sa carrière.

Sur leurs échanges mid-tempo qui rythment le film, et dont il est possible de croire qu'ils émanent de deux hommes saisis par la mélancolie, le désenchantement ou le cynisme pour masquer les deux précités, se greffent de petites histoires en format "short cut" avec des personnages burlesques qui constituent une stupéfiante galerie de freaks illustrant des thématiques diverses telles, bien évidemment la fuite du temps, mais également l'égocentrisme de l'artiste, la paternité, l’avenir du cinéma, le désir et la vacuité de l'être.

Mais Paolo Sorrentino aime les arbres qui cachent la forêt et, a bien entendre et écouter les dialogues, il ressort que la thématique principale n'est pas tant celui du temps qui passe, ou de le jeunesse signifiée par le titre, mais la thématique et la problématique de la trace, du souvenir mnésique abordé de manière proustienne. Quel souvenir garde l'homme de sa propre vie, quel souvenir laisse-t-il à ses proches et, plus largement à des tiers pour ceux qui ont une notoriété publique ?

Comme Paolo Sorrentino aime le grotesque, et dans toutes les acceptions du terme, de l'extravagance ornementale à la bouffonnerie, il l'inocule dans un traitement baroque flamboyant de l'image hybridé de l'esthétique, non pas du laid, mais du réel.

Ce qui aboutit, en pêle-mêle, à des instantanés qui évoquent les tableaux animés et pour certains des vanités, à un hyper-réalisme photographique à l'ironie tragique proches de celles du photographe Martin Parr, comme la brochette de curistes mise en regard de sa série "Life's beach", des scènes oniriques, telle la symphonie pour cloches bovines et meuglement de vaches, surréalistes comme le concert des pendules à coucou dans une boutique de souvenirs, poétiques comme la Place Saint Marc engloutie par nuit de acqua alta, et gagesques à l'instar du carambolage de chaises roulantes dans le couloir de l'hôtel.

En tête d'affiche, Michael Caine et Harvey Keitel assurent avec virtuosité de beaux numéros d'acteurs tout comme Jane Fonda grandiose en caricature d'une Marilyn septuagénaire "forte en gueule" qui revendique la promotion canapé.

Alors, en attendant que vienne la camarde, qui n'a pas meilleure figure dans les draps de soie d'un mouroir 5 étoiles que dans les draps des hôpitaux de l'AP, faire son petit tour de manège et... voir "Youth".

 

MM         
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