Ce troisième album d’Explosions in the Sky s’échappe avec succès du systématisme du mur avec lequel le groupe s’était distingué sur son précédent disque, la puissance implacable du "Those who tell the Truth" et leurs concerts habités les avaient en effet fait rentrer rapidement dans le panthéon du post-rock épique haut en couleur où ils risquaient de se sentir à l’étroit.

Désormais on sent clairement l’influence de la pureté incandescente de Sonna (groupe fabuleux et méconnu qui sévit aussi sous le haut patronnage de l’enthousiasmant label Temporary Residence), les crescendos délaissant ainsi un peu de puissance brute au profit de relances mélodiques en faux plat limpides, lumineuses et imparables. Cet effort de composition coupe l’herbe sous le pied (si c’était nécéssaire) des mécréants qui voient dans le post rock une écriture au kilomètre. Ici la construction des morceaux est d’une évidence et d’une fluidite qui permet une expression libre et riche, ceci parmi un tas d’autres raisons participe au fait que le nouveau disque d’EITS est une réussite

Le titre The earth is not a dead cold place traduit bien ce désir de ne pas s’enfermer dans un apitoiment de rigueur qu’on retrouve déjà dans la mélancolie romantique et éthérée des Rachel’s ou le désespoir véhément du Silver Mt. Zion. Ici on veut y croire malgré tout et cet enthousiasme permet l’accès à un univers onirique de béatitude rarement défriché dans un post-rock ici au service de frappes chirurgicales sur nos émotions les moins sombres.

Le premier titre "First Breath after coma" tire bien son énergie et ses accélérations enivrantes de cet optimisme qui convaint une fois le but atteint, que celui-ci n’importait pas tant que le chemin parcouru. Rarement l’écoute d’un disque nous traduit aussi limpidement une expérience authentique riche et enflammée sans le poids poisseux du pathos, une histoire sans parole, positive et sans barrage. On s’étonne à vrai dire un peu de la confidentialité relative de ce groupe quand on pense au succès (mérité) qu’a connu Sigur Ros ces dernières années dans un genre proche et avec un peu de lourdeur, ceci pour tenter les afficionados des Islandais qui ne connaissent encore pas d’équivalent à "Poplagid".

La grande découverte de cet album c’est bien de nous persuader que les plus belles propositions ne naissent pas toujours du trouble ou de la souffrance (on pense encore au merveilleux mais tellement à vif dernier album du Silver Mt. Zion pour ce pendant-ci), mais parfois d’une foi sereine, sans aveuglement mais optimiste : la passion. Le doute et l’inconnu sont désormais observés sans angoisse comme une promesse dans un espace des possible sans limite où la violence est force de proposition et où les mots sont fatalement vides de sens pour vous convaincre que ce disque est indispensable voire parfois merveilleux.

Quelques éclats de poussières d’étoile dans l’ombre humide.