Comédie écrite et mise en scène de Alfredo Arias, avec Alfredo Arias, Sandra Macedo et Andrea Ramirez.
Avec sa "Comédie pâtissière", Alfredo Arias croque sa madeleine et livre une radioscopie de son enfance dans l'Argentine péroniste.
Une enfance placée sous l'obédience d'une trinité féminine : Eva Peron, bien évidemment, la sainte princesse à la chevelure lumineuse, Madame Arias mère, une femme castratrice qui reporte sur son fils l'alacrité suscitée par un mari absent et infidèle, et Doña Petrona de Gandulfo, la fée des casseroles.
L'influence de cette cuisinière réputée pour ses extravagantes créations culinaires et notamment ses kitschissimes architectures pâtissières, hybridation du gâteau de mariage chinois avec la pièce artistique du concours du MOF, s'est avérée déterminante puisque ses émissions télévisées ont servi de thérapie à sa névrose juvénile.
En effet, outre la manière tendancieusement érotique, propre à exciter l'imagination d'un jouvenceau, dont elle commentait l'exécution de ses recettes, elle a fasciné celui-ci par son credo utopique sur le pouvoir de la cuisine à transcender l'asservissement féminin et l'ériger en arme de lutte des classes.
En contrepoint des imposantes douceurs de son idole culinaire, Alfredo Arias a concocté un spectacle en forme de mignardise placée sous le signe du théâtre-récit de l'intime.
Habillés de blanc, Alfredo Arias, en costume de garçonnet bien sage qui, n'étaient les baskets bleu ciel, pourrait être celui d'un premier communiant, et Sandra Macedo, en robe à la Alice de Walt Disney, évoluent, lui avec sa grâce maniériste, elle avec une pétulance maîtrisée, dans un décor sulpicien auquel ne manque que quelques putti pour verser dans le kitsch rococo de celui qui se définit comme le "pâtissier de la dramaturgie théâtrale".
Conçu par Alfredo Arias avec la collaboration d’Elsa Ejchenrand, l'espace scénique délimité par des kakémonos de fins tissus aux couleurs mariales, le blanc et le bleu ciel, qui sont également celles du drapeau argentin, et trois éléments mobiliers, une chaise, une méridienne, variante du divan psychanalytique, et une table nappée toutes deux également blanches, incite à la fantasmagorie et l'évocation rétrospective embuée de mélancolie.
Et, en filigrane, le spleen argentin avec les ponctuations musicales dispensées par la chanteuse cubaine Andrea Ramirez campant une "bomba latina" en fourreau rouge et coiffée d'une choucroute capillaire à la Amy Winehouse.
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