Natasha Khan peut imputer une large partie de son succès à l’univers persistant qu’elle réussit à invoquer à grands renforts d’hululations charmantes et de percussions aux canevas claniques et exotiques. Connue pour ses épanchements baroques et rêveurs, mais également pour sa sensibilité à fleur de peau, on aurait tendance à croire que Natasha Khan aurait un mal fou à s’intégrer, voire à s’inventer, un autre espace musical au sein duquel elle pourrait s’accomplir complètement. Et pourtant, c’est après son travail en commun avec Dan Carey, producteur du troisième album de Bat For Lashes (The Haunted Man, 2012) que Sexwitch commence à prendre forme. Dès 2013, Natasha et TOY signaient une reprise d’un titre Iranien, "The Bride" et en offrait une relecture psychédélique, Sexwitch venait de naître.
Aujourd’hui, le projet sort son mini-album et s’attaque à des classiques de plusieurs cultures. Un effort se situant à des lieux de l’univers de Khan, mais qui a pour mérite de lui offrir un exercice intéressant et stimulant.
Si les projets précédents de Khan invitaient au voyage, on ne quittait jamais véritablement la chambre à coucher de l’artiste. Au contraire de SexWitch qui plonge son public dans une danse effrénée autour du globe. La Thaïlande ("Lam Plearn Kiew Bao"), L’Iran ("Helelyos") ou encore le Maroc ("Kassidat El Hakka") sont autant de prétextes sonores et musicaux propulsant la voix de Khan dans des territoires lui étant inconnus dans son incarnation de Bat For Lashes.
Exotique et surtout fantasque, le 6 titres s’écoute comme se vit un concert : dans l’abandon le plus total. Normal me direz-vous, puisque le groupe verse très facilement dans des constructions psychédéliques et suggère, tout autant que la pochette de l’album, un état de transe. En balançant des rythmes s’étalant sur plus de 6 minutes ("Ha Howa Ha Howa"), Sexwitch a pour ambition d’atteindre toute une population évoluant sous les voûtes sombres des salles de concerts. Alors au final, quel est le point commun entre Bat For Lashes et Sexwitch, si ce n’est la voix de Khan ? L’onirisme, l’évasion et le voyage. A ceci près, qu’ici les rythmes sont dépouillés de la naïveté caractéristique des projets précédents de Khan. Fini les déguisements abracadabrants, chaque titre se suffit à lui-même.
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