Ce samedi 3 octobre, une Nuit Blanche à Paris qui débute par la soirée de présentation de la nouvelle saison du Mégaphone Tour à la Scène du Canal Jemappes.
Le Mégaphone Tour est un mécanisme d'aide à la tournée pour des "artistes émergents", c'est-à-dire des artistes qui généralement n'ont qu'un album, ont parfois déjà une reconnaissance des "professionnels de la profession" mais peinent à rencontrer le public ou bien ont déjà un public mais seulement dans leur région, et se débrouillent donc pour se faire connaître avec les moyens du bord. Le point commun entre tous ces artistes, c'est leur envie de partager. Le Mégaphone Tour leur permet donc de jouer sur une dizaine de dates, en province et Paris, en co-plateau dans des bar-rock ou des salles de chansons animées par des associations locales. Par exemple, K!, Radio Elvis, Askehoug, Gerald Kurdian ou Keith Kouna ont déjà participé à cette expérience autant professionnelle qu'humaine. Et pour le public, de découvrir de nouveaux talents à un tarif largement plus que raisonnable.
Après une journée d'échange entre les musiciens et chanteurs consacrée à présenter le concept, à recevoir le retour d'expérience de artistes ayant participé aux éditions précédentes, mais surtout à se découvrir entre eux, vient la soirée de présentation des projets retenus pour l'édition 2015 / 2016 au public.
L'exercice est difficile car le format est très court, et en plus, pour des raisons d'organisation, les artistes sont souvent en solo, parfois à deux, mais jamais plus. Chaque chanteur ou groupe ne présentent que deux ou trois chansons de leur répertoire.
Le premier sur scène est Denis Rivet. Le lyonnais semble inspiré par Dominique A ou Alexandre Beaupain. Ses mélodies pop rock sont habillées de textes joliment affûtés.
Ensuite Tango Kashmir, duo rock psychédélique, marient guitare, violoncelle et chanson dans une recette originale.
Mathilde Forget, interprète ses chansons pop seule au piano. Entre force et tendresse, son grain de voix particulier fait mouche.
Nicolas Séguy est un slameur qui s'accompagne, avec virtuosité, au piano. Ses textes introspectifs convoquent les joies, les peines et tous les bouleversements rencontrés durant une vie d'homme.
Hildebrandt s'accompagne d'un mini clavier, un ordinateur et une guitare électrique. Ses chansons, baignées dans l'eau de la new wave synthétiques traitent de l'intime et de son histoire personnelle.
Emmanuel Urbanet, membre des Joyeux Urbains, s'offre une échappée belle avec son projet personnel. Seul avec sa guitare électrique, il alterne chansons légères et thèmes plus sérieux, mais toujours le sourire en coin.
Bertrand Louis n'est pas un inconnu. Son album Sans moi, composé autour de textes Philippe Murray, est même un incontournable de l'année dernière. Il a déjà participé au Mégaphone Tour et revient presque en parrain sur cette édition. Immanquable.
Jesers propose du hip-hop made in Mulhouse. Son message positif s'accompagne d'un flow efficace. Le guitariste qui l'accompagne donne des couleurs pop et métissées aux compositions.
Goulven Ka vient de Bretagne. Sa formule faite de boucles de violoncelle rappelle Julia Kent, mais lui y ajoute son slam et ouvre son champ d'expérimentation à la world music. A découvrir.
En fin de soirée, Flow, qui a déjà un beau parcours et trois albums à son actif, vient pousser son cri de révolte mâtiné de chanson à texte, entre rock et poésie. L'écriture est magnifique et Flow ne manque pas de présence sur scène, même en duo acoustique.
A l'heure de la mauvaise foi des radios commerciales qui clament qu'ils ne trouvent pas assez d'artistes pour respecter les quotas, cette soirée, et le projet Mégaphone Tour, démontrent à quel point la chanson en français se porte bien, quel que soit le style. |