Les Parisiens de Venera 4 jouent ce samedi 3 octobre en première partie de No Joy. Leur premier album Eidôlon, sorti il y a quelques mois, est une inaltérable madeleine de Proust pour les nostalgiques des guitares vaporeuses de années 90. Nous les avons rencontrés au cours de l’été afin de leur poser quelques questions.
Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur Venera 4 ?
Fred : Nous sommes 4. Morgane (chant, guitares), moi à la basse, Yann (guitares/ voix) et Annabelle (claviers / voix). Nous nous sommes formés il y a trois ans. On a sorti deux singles, un EP en 2013 (Deaf Hearts) et Eidôlon en mars.
Vous jouez un style musical assez minoritaire ou peu médiatisé en France (NDR : le shoegaze), arrivez-vous tout de même à fédérer du public en France ?
Morgane : Ce n’est pas très difficile car il y a si peu de groupe de shoegaze en France qu’on les repère assez vite. Mais le public est restreint.
Le fait d’être sur Paris facilite-t-il pas un peu plus les choses ? Peut-on parler d’une scène shoegaze sur Paris ?
Morgane : On voit toujours les mêmes têtes.
Fred : Ouais, c’est clair, toujours les mêmes têtes aux concerts, les mêmes groupes qui tournent…
Yann votre guitariste qui joue dans plusieurs groupes (Future, Maria False) essaie avec le collectif N0thing de fédérer les bonnes volontés shoegaze ?
Fred : Oui, il y a le collectif N0thing, du coup il y a ces groupes là aussi, même s'il n’y a pas exclusivement que des groupes shoegaze sur N0thing… Mais ce collectif n’a pas uniquement vocation à se concentrer sur les groupes de Paris.
Il y a une histoire particulière derrière ce nom de groupe Venera 4 ?
Fred : Cela vient de Bernard des Maria False. D’ailleurs, c’était un titre de Maria False à la base. Du coup, Yann a gardé le nom car il trouvait plutôt pas mal. C’est le nom d’une sonde spatiale qui devait aller faire des relevés de température sur Vénus. D’ailleurs, Venera veut dire Vénus en Russe.
Votre album est sorti en mars. Vous êtes allés faire une série de concert en Angleterre. Quel accueil avez-vous eu là-bas ? Avez-vous tourné ailleurs ?
Morgane : C’est complétement différent… Après c’était toujours les mêmes têtes qui revenaient tous les soirs aux concerts mais on a vendu dix fois plus de vinyles et de CD’s. Les gens étaient très enthousiastes, ils venaient nous saluer à la fin… Même quand on a joué à Rough Trade à Bricklane (NDR : célèbre magasin de disques à Londres), les gens étaient étonnés de voir un groupe français, nous faisaient part de leur ressenti. On a rejoué pour le Rough Trade tour à Paris. Nous avons aussi joué avec the KVB à Paris... On devait aussi jouer en première partie de The Pain Of Being Pure At Heart mais j’avais mes épreuves de CAPES. Nous avons aussi joué au festival off de Art Rock à Saint-Brieuc organisé par le disquaire le Dandy Rock Shop.
Comment s’est passée l‘écriture d’Eidôlon ?
Morgane : Le dernier morceau est un morceau que l’on avait composé l’été dernier, c’était une chanson estivale. Quand un morceau nous plaît, on y va à fond et on l’enregistre assez vite… On ne s’est pas dit : "tiens, on va se prendre une semaine pour enregistrer".
Fred : En fait, ces morceaux ont deux ans. Tout a été mixé et finalisé l’été dernier par Yann.
Morgane : On a eu des problèmes avec le pressage et le mastering qui ont été assez longs, environ six mois.
C’est un travail "maison" ?
Fred : C’est Yann qui mixe, mais on ne passe pas par du studio, ce qui permet d’étaler les choses.
Morgane : Et comme on a tous des choses à faire à côté, ce n’est pas évident.
Vous me disiez un peu plus tôt que vous cherchiez un batteur. Le fait d’utiliser une boîte à rythmes, c’était plutôt esthétique ou par contrainte ?
Morgane : Au départ, c’était un choix et puis au fil des concerts on s’est dit que ça serait bien d’avoir un concert, surtout quand on commencé à jouer les morceaux de l’album.
Fred : En fait ce que l’on voyait comme un allégement de contrainte à la base est devenu une contrainte.
Morgane : Pour la sonorité aussi, ça collait bien sur les premiers morceaux. Les choses ont changé avec l’album. Les choses sont devenues plus groovy.
Fred : Et puis maintenant pour les concerts, c’est quand même plus cool d’avoir un batteur, ça te laisse une meilleure marge de manœuvre. Une boîte à rythmes, c’est quand même un peu limité.
Qu’est-ce qui vous a donné envie de jouer ce style de musique ?
Morgane : La plupart des mecs que je fréquentais en écoutait.
Fred : Les rencontres… Et puis quand tu écoutes Loveless de My Bloody Valentine… Tu prends quand même une claque.
Morgane : Je pense que c’est un tempérament aussi de jouer ce genre de musique, c’est une sensibilité à une certaine esthétique.
Apportez-vous une importance aux visuels ? C’est une tradition du genre de soigner ses visuels. Je pense au KVB avec qui vous avez joué.
Morgane : J’en ai parlé avec la fille de The KVB. On vient des arts plastiques. Elle a une grosse culture vidéographique. Donc il y a une dimension artistique qui est mise en relation avec la musique. Pour moi, l’un ne va pas sans l’autre. Je travaille avec des gravures et des dessins que je fais à la main. Je les prends en photo et je les assemble pour faire des animations. Mais ce n’est pas toujours évident de caler les vidéos sur les morceaux…
Fred : On n’a pas trop eu l’occasion de les utiliser en concert… Deux fois seulement.
Morgane, peux-tu nous en dire plus sur l’écriture des textes, le parti pris du chant en français sur certains morceaux ?
Morgane : J’écris un peu de manière automatique et après j’y trouve du sens. J’aime bien jouer avec les mots, surtout pour les textes en Français…,J’aime bien travailler sur les sons, les rimes, les syllabes. Après on n’entend pas toujours ce que je dis comme la voix est généralement sous mixée. Concernant le français, un fan Anglais nous disait qu’on était le premier French gaze band. Il y a forcément une influence Gainsbourg quelque part.
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