En septembre 1992, le Melody Maker se demandait ce qu’il avait bien pu arriver au shoegaze dans leur article "Whatever happened to shoegaze ?". En 2015, le Melody Maker n’est plus mais il semble que le shoegaze ne s’est jamais aussi bien porté. On a d’ailleurs appris cette semaine que Lush, après My Bloody Valentine, Slowdive et Ride, allait sûrement se reformer. Une question hautement plus improbable serait : "Quid du shoegaze en France ?" Certains ont tenté. Le Metalvox EP de Lucie Vacarme (où sévissait un certain Michel Cloup) est souvent cité comme un référence en France, mais il faut bien avouer que seuls quelques passionnés isolés tentent de faire partager leur amour des guitares réverbérées.
La semaine dernière, nous vous parlions des Bretons de Maria False et de leur enthousiasmant When sorti un peu plus tôt dans l’année. Dans cette chronique, on vous parlait également de Venera 4. Ces Parisiens ont sorti leur premier album Eidôlon il y a quelques mois, après une poigné de singles et un EP aux accents shoegaze et dream pop. Eidôlon est dans la continuité de ces deux précédents efforts. L’on retrouve chez Venera 4 tous les codes qui raviront les fans du genre : les guitares stratosphériques trempées dans l’éther, cette voix féminine noyée dans la brume des guitares. Sans tomber dans une interprétation scolaire de ses influences, Venera 4 offre un premier album assez varié. Si "Pygmalion", "Some Girls", "Red Blooms", "Black Paws" évoquent les murs de sons chers à Kevin Shield, le groupe est aussi capable de proposer des morceaux plus vaporeux qui convoquent le meilleur des Cocteau Twins ("Eidôlon", "3 Studies for A Portrait").
Dans quelques années, on pourra se poser la question chère au Melody Maker : "Whatever happened to French shoegaze ?" Peut-être pas grand chose. Cependant, les plus nostalgiques se rappelleront que Venera 4 en aura écrit une bien jolie page.
# 14 avril 2024 : En avril, de la culture tu suivras le fil
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