Under Branch & Thorn & Tree
(Full Time Hobby / PIAS) août 2015
"I must keep from breaking into the story by force for if I do I will find myself with a war club in my hand and the smoke of grief staggering toward the sun, your nation dead beside you. (…)
I tell you this from the dusk of a small city in the north not far from the birthplace of cars and industry. Geese are returning to mate and crocuses have broken through the frozen earth." Equinox par Joy Harjo
Il faut s’imaginer l’Oklahoma, les paysages agricoles, les réserves indiennes réduites comme peau de chagrin, les vastes entendues de plaines où les puits de pétrole marquent la ligne d’horizon. A Shawnee, la petite ville d’où est originaire Samantha Crain, cette ligne d’horizon a longtemps semblé bouchée pour la jeune chanteuse. Et puis il y a eu la rencontre avec l’intense musique de Jason Molina et son disque Songs : Ohia. Sa vie prendra alors une toute autre tournure surtout que son père lui offre au même moment une guitare. Devenir musicienne et s’enfuir de cette vie. On peut dire qu’elle y est parvenue.
Under Branch & Thorn & Tree est déjà son quatrième album après le plutôt remarqué Kid Face (en référence sûrement à son visage poupon en 2014) mais la jeune femme n’a rien renié de ces origines musicales (axe Neil Young, Guy Clark) ou sociales (sa vie est très éloignée des strass et paillettes). Une nouvelle fois produit avec un son tout en rondeur par John Vanderslice, ce nouveau disque a pourtant été enregistré en un minimum de temps (dix jours) pour garder intact l’énergie et le feeling du moment.
On retrouve avec cet Under Branch & Thorn & Tree, cette voix angéliquement rugueuse, cette honnêteté de ton, cet Americana mélange de country et de folk pastoral. Mais si Kid Face était essentiellement centré sur la chanteuse, elle s’attache cette fois à des histoires (Samantha Crain a longtemps nourri des désires d’écrivain) de petites gens, d’oubliés du rêve américain, d’Amérindiens (le sang Choctaw de ses ancêtres coule dans ses veines), tous ces gens de l’ombre qui méritent quand même que l’on s’attarde sur eux. Pas réellement des protest songs mais une rébellion intime.
A la fois son disque le plus mature mais aussi un peu premier degré, un peu brut de pomme musicalement (plus gros ne veut pas dire meilleur…), Under Branch & Thorn & Tree est le disque le plus intéressant de Samantha Crain et mérite le voyage…
# 21 avril 2024 : Des beaux disques, des beaux spectacles, une belle semaine
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