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puce Elisabeth Louise Vigée Le Brun 1755-1842
Grand Palais  (Paris)  Du 23 septembre 2015 au 11 janvier 2016

Deux des grandes exposition parisiennes de la rentrée muséale 2015 concernent la peinture du 18ème siècle en ses deux styles majeurs, le rococo et le néo-classicisme.

Ils sont représentés par deux peintres, Jean-Honoré Fragonard et Elisabeth Louise Vigée Le Brun, qui, en leur temps, connurent notoriété et fortune dans des genres, souvent considérés comme mineurs, et des registres diamétralement opposés avant de subir une critique sévère, au mieux condescendante, de doctes historiens d'art et critiques.

Ainsi Fragonard s'est illustré par ses scènes galantes et libertines ("Fragonard amoureux" au Musée Jacquemart-André) et Elisabeth Louise Vigée Le Brun s'est distinguée dans l'art du portrait mais si le premier a accédé à la postérité à la fin du 19ème siècle, l'oeuvre de Madame Vigée Le Brun pâtit encore d'une appréciation péjorative de mièvrerie maniérée.

Si, depuis la deuxième moitié du 20ème siècle, de nombreuses publications lui ont été consacrées, elle n'était pas encore totalement sortie du purgatoire pictural, seules quelques rares toiles étant présentées de manière ponctuelle et quasi-anecdotique dans des expositions thématiques telle, en 2007 "Portraits publics, Portraits privés".

La Réunion des musées nationaux-Grand Palais, le Metropolitan Museum of Art de New York et le Musée des Beaux-Arts du Canada à Ottawa la mettent à l'honneur en organisant une somptueuse et première rétrospective avec une sélection de 130 toiles et pastels qui brossent un panorama complet d'une oeuvre accomplie sur cinq décennies.

Le commissariat de l'exposition est assuré par Joseph Baillio, historien de l’art spécialiste de la peinture française du 18ème siècle, et Xavier Salmon, directeur du Département des Arts Graphiques du Musée du Louvre, qui ont opté pour un classique parcours chrono-thématique qui concilie le nécessaire didactisme avec l'évocation du périple nomade de l'artiste, lié à son exil lors de la Révolution, qui l'a conduite à poursuivre sa carrière auprès des cours italiennes, russes et autrichiennes.

La scénographie confiée à Loretta Gaïtis, qui ne vise pas à la reconstitution des intérieurs dans lesquels étaient présentés les portraits, s'affranchit de toute exubérance décorative pour n'en conserver que l'esprit en usant les codes de l'élégance intemporelle du néo-classicisme et notamment sa modénature architecturale pour structurer des volumes en majesté avec une enfilade centrale de portiques qui crée d'harmonieuses lignes de fuite.

Elisabeth Louis Vigée Le brun - L'ambiguïté du portrait de salon

L'exposition, qui vise à reconsidérer l'oeuvre de Elisabeth Louise Vigée Le Brun, surtout connue pour être la portraitiste officielle de la Reine Marie-Antoinette, au regard tant de l'histoire du goût à la française que de l'évolution du genre pictural du portrait, s'avère passionnante par la multiplicité des réflexions qu'elle suscite.

L'intérêt premier de l'exposition est celui inhérent à la rétrospective qui réunit un nombre conséquent d'oeuvres dispersées, de surcroît parfois rarement montrées voire même inédites, d'autant qu'en l'espèce leur quasi totalité est détenue par des musées étrangers et des collections particulières.

Elle permet également de situer la femme peintre autodidacte et artiste précoce, hors de "l’art d’obédience féministe" dans laquelle elle est cantonnée, et de la confronter à l'art du portrait tel qu'il était essentiellement pratiqué par ses homologues masculins au rang desquels Greuze ainsi qu'au regard de l'héritage des grandes figures "tutélaires" Chardin et Quentin de la Tour.

Excellent dessinatrice, elle est formée à la technique délicate du pastel qui lui permet la transition vers la peinture avec une transposition des spécificités de celui-ci que sont le dégradé, la brillance, la douceur du modelé et la richesse de la palette chromatique, à laquelle elle ajoute la pratique du glacis.

Elisabeth Louise Vigée Le Brun s'adonne avec bonheur et succès au portrait, le portrait privé, déclinaison du portrait officiel initiée au 17ème siècle, qui suscite un engouement général.

Elle va exceller dans "le portrait aimable" et "le portrait au naturel" qui caractérisent la peinture dite "de salon". Portrait aimable notamment dans son registre de prédilection qu'est celui du portrait féminin.

En effet, si elle elle peint des figures masculines, avec un réalisme objectif, et les enfants dans leur ingénuité, avec une tendresse maternelle sensible en un temps où celle-ci n'était guère de mise, dont le très beau portrait de sa fille se regardant dans un miroir, pour son coeur de cible que sont les femmes heureuses dans leur maturité épanouie, elle verse dans l'idéalisation qui se nomme "naturel" à son époque.

Un naturel qui n'est pas synonyme de réalité, même si le traitement pictural du visage et la vivacité des expressions tendent au réalisme, et doit s'entendre comme une alternative au portrait d'apparat en habit de cour en ce qu'il déroge à ses codes normatifs de célébration du pouvoir qui impliquent staticité et hiératisme.

Ainsi, les femmes sont-elles en cheveux libres et en tenue d'intérieur, le sourire aux lèvres, avec un regard "regardant" dans des poses "vivantes". Mais le portrait demeure une représentation et donc une illusion au mécanisme identique à celui de l'illusion théâtrale, et ces portraits procèdent à la représentation sociale des femmes du grand monde et des élites culturelles.

De plus, Elisabeth Louise Vigée Le Brun procède souvent à une mise en scène de ses modèles qui revêtent des costumes de sainte, de plébéienne ou d'héroïne sulfureuse, choix qui étonnent et interpellent en ce qu'ils peuvent n'être que pure fantaisie du peintre ou traduire une corrélation avec la personnalité réelle ou fantasmatique de son modèle.

L'idéalisation se traduit également par un idéal de beauté qui, à l'exception de Marie-Antoinette peinte sans condescendance, s'applique à toutes ces femmes d'inspiration rubénienne à la chair palpitante, vénus blondes ou brunes piquantes, et qui tient à la similitude de leur traits, comme autant d'avatars d'un même archétype féminin.

Une autre constatation, plus troublante encore, celle de leur ressemblance avec le peintre, qui a souvent pratiqué l'autoportrait.

Ce qui, au-delà du simple narcissisme qui lui a été attribué, ouvre un large champ d'interprétation.

Peut-être une manière d'explorer une pluralité d'identités mélancoliques ou de vivre une vie rêvée pour celle qui indiquait n'avoir trouvé le bonheur que dans la peinture. .

 

En savoir plus :

Le site officiel de la RMN-Grand Palais

Crédits photos : MM (Plus de photos sur La Galerie)
avec l'aimable autorisation de la RMN-Grabd Palais

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