Spectacle jeune public écrit et mis en scène par Laurent Gutmann, avec Elsa Bouchain, Fabien-Aïssa Busetta et Laureline Le Bris-Cep.
Zohar vit heureuse avec ses parents mais un jour son père meurt. Dès lors, elle veut s’en souvenir à chaque journée et ne pas l’oublier. Sa mère, quant à elle, l’encourage à avancer et tombe amoureuse d’un représentant de commerce.
La nouvelle famille déménage de l’autre côté de la montagne mais l’homme refuse qu’elle emporte avec elle le moindre souvenir de son père.
Conte original, même s’il rappelle le "Cendrillon" de Joël Pommerat, "Zohar ou la carte mémoire" est une belle variation sur le deuil et la mémoire. La petite Zohar, qui emporte avec elle la carte mémoire, magique car contenant les souvenirs de ceux qu’elle aime, devra concilier son amour pour son père disparu tout en reprenant le contrôle de sa vie.
Laurent Gutmann nous éblouit surtout par sa mise en scène ludique et pleine de délicatesse, où la tristesse fait place dans la scène d’après à la plus grande cocasserie, avec ce spectacle qui sensibilisera les plus jeunes à la question difficile de la perte d’un être cher. Et qui n’est jamais simpliste.
Les comédiens sont tous les trois formidables. Laureline Le Bris-Cep est une Zohar pleine de caractère qui guide le jeune spectateur avec justesse et une merveilleuse sensibilité.
Elsa Bouchain donne beaucoup de contraste au personnage de la mère dans une composition qui oscille entre burlesque et désenchantement. Enfin, Fabien Aïssa Busetta passe avec habileté du personnage du représentant (comique mais inquiétant) au fantôme romanesque du père.
Après "Le Prince" de Machiavel qu’il avait adapté avec brio, Laurent Gutmann réussit avec la même dextérité que pour les adultes, un spectacle destiné aux plus jeunes qui ne manque pas d’attraits ni de reliefs. "Zohar ou la carte mémoire" est un beau et rafraichissant conte qui contraste dans l’univers du théâtre jeune public par son humour et son exigence. |