Le couturier Karl Lagerfeld, également passionné de photographie, qui précise "regarder le monde et la mode avec l’œil de la caméra", expose ses clichés à l'international.
En France, après un "Parcours de travail" présenté en 2011 à la Maison de la Photographie, il investit la Pinacothèque de Paris avec l'exposition intitulée "Karl Lagerfeld - A Visual Journey" comportant une sélection de ses "Photographs" opérée par des commissaires de proximité.
Eric Pfrunder, directeur de l’Image de Chanel Mode et son compagnon de route professionnelle depuis 1983, et Gerhard Steidl, directeur des Éditions Steidl et son éditeur attitré, ont sélectionné des photographies issues de séries thématiques qui illustrent "la vision photographique" de Karl Lagerfeld
A Visual Journey, voyage dans l'oeil lagerfeldien
Les photographies présentées ressortent essentiellement à trois registres photograhiques.
En premier lieu, et semble-t-il presque logiquement, la photographie de mode
pour laquelle il s'essaie parfois au new fetish newtonien, ode à la jeunesse et à la grâce des mannequins top-model, même s'il n'hésite pas à en éreinter la beauté par essence éphémère selon le procédé wildien du "portrait de Dorian Gray".
Ensuite, toujours dans le registre de la célébration du corps juvénile, la photographie érotisante d'un néo-classicisme décadent qui célèbre nymphes et éphébes
à l'antique avec ses traductions photographiques des amours pastorales de Daphnis et Chloé campés par les mannequins Bianca Balti et Baptiste Giabiconi, ce dernier
ayant inspiré la série de portraits "The beauty of violence", et les photos composant la fresque conçue pour la piscine de Hôtel Métropole Monte-Carlo et retraçant le voyage d’Ulysse.
Enfin, la photographie moderniste
telle qu'elle a été expérimentée par les avant-gardes artistiques du constructivisme, incluant angles de prise de vue inhabituelles et déformations introduisant un déséquilibre dans la composition de l'image, avec des architectures métalliques à la manière, notamment, des "Fers" de Germaine Krull, récemment exposés au Jeu de Paume ("Germaine Krull 1897*1985 - Un destin de photographe"), des forts contrastes de la photographie expressionniste allemande ou l'esthétisme du Bauhaus avec la série "Aktstrakt".
Le point commun de ces photographies est l'absence d'identité visuelle et d'approche artistique personnelle.
Ce que Karl Lagerfeld, nonobstant les commentaires des commissaires, qui invoquent la "souplesse créative", le "désir de ne jamais se répéter" et inviquent "l'interprétation subtile et très personnelle de la photographie", reconnaît avec son légendaire humour empreint d'auto-dérision ironique - "Je n’ai pas un style, mais plusieurs, ou aucun" - qui anticipe et désamorce toute vélléité critique.
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