Drame de Federico García Lorca, mise en scène de Daniel San Pedro, avec Nada Strancar, Clément Hervieu-Léger, Stanley Weber, Yaël Elhadad, Martine Vandeville, Aymeline Alix, Christian Cloarec, Luca Besse et Zita Hanrot.
Au beau milieu d’une terre aride de Castille, les habitants des fermes voisines se connaissent tous. Deux jeunes gens vont bientôt se marier. Mais la mort qui rôde depuis des générations semble vouloir s’en mêler…
Dès les premières minutes de ce "Noces de sang" proposé par Daniel San Pedro et la Compagnie des Petits Champs, on est saisi par cette pesante ambiance paradoxalement très vivante où le passé ressurgit dans de petits gestes quotidiens annonçant l’imminence du drame.
On retrouve également ce qui faisait le charme et la force de "Yerma" : la scénographie somptueuse signée Karin Serres autour de la façade massive de cette bâtisse (qui n’est pas ici le lieu de travail mais les différentes fermes où vivent les familles), qui renferme à elle seule les plus lourds secrets.
L’importance de la terre présente dans l’œuvre de Federico Garcia Lorca est fort bien mise en valeur par l’adaptation et la mise en scène dense et charnelle de Daniel San Pedro qui s’attaque avec ce deuxième spectacle de la trilogie de Lorca à un autre monument de son théâtre.
Une nouvelle fois, Daniel San Pedro nous fascine avec un spectacle fort où tout concourt à la réussite générale. Que ce soit la mise en scène (qui ne nous laisse aucun répit), la distribution impeccable, les lumières judicieuses de Bertrand Couderc ou même la réalisation sonore de Jean-Luc Ristord, tout forme un ensemble aussi cohérent qu’impressionnant.
Encore une fois, les comédiens magnifiquement dirigés sont d’une justesse et d’une précision exemplaires. Les femmes (Aymeline Alix, Yaël Elhadad, Zita Hanrot et Marine Vandeville, formidables) montrent toutes un caractère différent bien trempé. Enfin, Nada Strancar en mère meurtrie et digne stupéfie par sa richesse de jeu enveloppée dans une aisance apparente. Du grand art.
Chez les hommes, Clément Hervieu-Léger est un amoureux transi dont la délicatesse contraste avec la force de Léonard, incarné par un Stanley Weber au magnétisme animal. A leurs côtés, Luca Besse et Christian Cloarec sont également impeccables.
On remarquera aussi l’admirable traduction de Daniel San Pedro qui tout en restituant la poésie de la langue de Lorca, la ranime avec authenticité.
Après ce deuxième Lorca, il est tout naturel qu’on ait envie de voir le troisième opus de la trilogie "La Maison de Bernarda Alba" dont on ne doute pas que La Compagnie des Petits Champs saura s’emparer avec la même exaltation. |