L'exposition "Korea Now !"
constitue un des événements de l'année France-Corée qui, sous forme d'un triptyque propose une immersion dans la création contemporaine coréenne en matière de design, de graphisme et de mode.
Réalisée par le Musée des Arts décoratifs en partenariat avec la Korea Craft & Design Foundation et le Hanbok Advancement Center,
le volet "Mode en Corée" propose un panorama de la création contemporaine coréenne qui a émergé dans les
1980.
Et le parcours ordonné par les commissaires Eric Pujalet-Plaà, assistant de conservation des collections de mode audit musée, et de Suh Young-Hee, présentée comme une personnalité influente du monde de la mode et du stylisme photographique coréens, s'avère original puisque ni chronologique, thématique ou stylistique, mais chromatique.
En effet, il apparie les créateurs toutes époques et tendances confondues en les associant à l'une des cinq couleurs du pentagramme chromatique constituant un des fondamentaux de la cosmogonie coréenne.
La K-fashion
Le lifestyle coréen a le vent en poupe et la mode coréenne, qui a accédé à une audience internationale avec la très prisée Fashion Week de Séoul, se caractérise par la fusion réussie entre tradition, classicisme et modernité, qui constitue une constante multidisicplinaire, comme démontré dans l'exposition consacrée au "Craft et Design"
Trois vagues générationnelles assurent cette évolution métamorphique en symbiose avec une tradition philosophique et esthétique qui a également impacté le vêtement dans un pays attaché au culte de l'apparence.
La tradition est signifiée par des inserts ponctuels, telle la nacelle aux "norigae", les noeuds décoratifs faisant office de bijoux, ou en regard de la customisation contemporaine du hanbok.
Trois approches donc à partir d'une source d’inspiration essentielle pour tous les créateurs.
Tradition avec le costume ancestral, le hanbok, longue jupe corolle portée haut sous la pointrine et buste menu enserré dans une veste-caracco soumise au symbolisme des couleurs, classicisme avec une prédilection pour des coupes structurées et une silhouette minimaliste, et modernité avec la réinterprétation des codes occidentaux.
Le visiteur pourra aisément repérer les pionniers des années 1980 avec les vêtements épurés de Lee Young-hee confectionnés par superposition du traditionnel tissu de ramie transparent.
Et, à l'opposé stylistique, la profusion ornementale des tenues brodées de André Kim, la broderie constituant un artisanat d'excellence, lui aussi ancestral, ou des robes rouges aux emblèmes chamaniques de Lie Sang-bong.
Les créations de la deuxième génération née dans les années 1970 révèlent une dualité d'influence occidentale avec un décalage temporel.
En premier lieu, particulièrement pour le vêtement masculin, celle du minimalisme de la vague des stylistes japonais qui, dans les années 1980, ont imposé le monochromatisme et le "paupérisme sublimé" décliné par Jun J. Ensuite, la culture pop revisitée par exemple par Kwak Hyun-joo en résonance avec les créations de Jean-Paul Gaultier ou Jean-Charles de Castelbajac
La génération contemporaine émergente, au style hâtivement qualifié de "BCBG et kawaii" dans lequel est perceptible l'influence de créateurs tels le Groupe des six (belges) et le bad boy Alexander McQueen, n'est que timidement représentée notamment avec le duo Steve J et Yoni P.
Si elle s'émancipe de la forme traditionnelle, elle en conserve l'esprit tout en phagocytant les codes des cultures urbaines internationales et son savoir-faire consiste, entre autres, en l'introduction d'accessoires décalés qui "twistent" un vêtement aux bases classiques.
Aujourd'hui, Séoul donne le ton en matière de tendances et le chien truffier "kayser" de la mode ne s'y trompe pas. Ainsi cherchez sinon l'intrus du moins l'incontournable... Karl Lagerfeld présent dans cette exposition avec deux modèlesde la collection à la coréenne "Croisière 2015-2016" de Chanel, présentée en mai 2015 à Séoul. |