B'lieve I'm Going Down
(Matador Records) octobre 2015
C'est l'histoire d'un gars né dans les années 1980 à Philadelphie et qui a grandi dans la banlieue d'à côté. Il partage le nom (au moins dans la prononciation) avec le grand compositeur allemand du XXème siècle Kurt Weill, dont ses parents ignoraient l'existence.
L'histoire continue jusqu'à une rencontre très importante à un concert de Dinosaur Jr. Pour l'album Smoke rings for my halo (2011 Matador Records), Kurt Vile a travaillé avec John Agnello, qui a aussi travaillé avec Dinosaur Jr. et qui est ami avec une certaine Kim Gordon. Kim Gordon tombe amoureuse de cet album et, après avoir connu Vile grâce à Agnello, décide d'écrire le communiqué de presse pour le dernier album de ce "man with an old soul voice".
L'album en question est B'lieve I'm Going Down et c'est le sixième album de Kurt Vile, le quatrième sorti sur Matador Records, également en version deluxe de trois LP et cinq bonus tracks : "Less Talk (More Walkin Away)", "Nicotine Blues", "Bad Omens (No Faders)", "No Stranger to the Ball Bust", "Sax Omens (J Turbo)".
Enregistré entre New York, Los Angeles et le célèbre studio Rancho de La Luna dans le désert du Joshua Tree, cet album a été défini par Vile lui-même comme une espèce de heavy folk, du spaced-out blues avec toutes les parties de son corps, comme sa voix, quelque chose de dreamy rock, un rock rêveur... Le titre, il l'explique, est né en chantant "Believe I'm going down" dans le refrain du morceau "All In A Day's Work" pendant qu' il composait.
Douze pistes dont la première piste "Pretty Pimpin", un morceau à l'allure country, maintenue sur "I'm An Outlaw" aussi où Kurt prend sa guitare / banjo Gold Tone comme au temps de Childish Prodigy (Metador 2009).
"Dust Bunnies" est probablement le morceau le plus pop de l'album et nous rappelle la nouvelle direction de Kurt qui prend un peu de distance dès le début.
La profondeur de sa voix arrive sur "That's life, tho (almost hate to say)", avec une guitare qui nous rappelle du fingerpicking de Nick Drake dans une atmosphère mélancolique : "When I go out / I take pills to take the edge off / Or to just take a chillax / man and forget about it".
Dans une interview, Kurt a expliqué que son morceau préferé était "Wheelhouse" parce qu'il l'avait écrit quelques jours avant d'aller au studio dans le désert, et on entend aussi une attitude plus intimiste dans les paroles : "Sometimes I talk too much but I gotta get it out / But I don’t wanna talk, I only wanna listen / My baby talks soft, my ears are always ringing now / Humming a sad song when I’m alone".
Dans "Life Like This", le piano fait son apparition, le riff est très simple et il se répète jusqu'à la fin avec simplicité.
"All In A Daze Work" nous emmène encore une fois dans la tradition du songwriting folk américain et surtout de Neil Young duquel il partage avec Madame Gordon l'amour pour On The Beach.
"Lost My Head There" nous plonge vers les enchevêtrements psychédéliques qu'on a découvert dans Smoke Ring For My Halo.
On arrive à la déclaration d'amour de "Stand Inside" avec ses arpèges romantiques : "That’s my good girl / My whole world / Turning on the couch / Close that cute mouth / And kiss me", suivi par l'instrumental "Bad Omens" qui suggère un silence délicat.
On est presque étonné par la légèreté désarmante de "Kidding Around", comme si vers la fin de l'album Kurt aurait envie de nous dire qu'il aime plaisanter aussi : "What's the meaning of this song / And what's this piece of wood / I don't care it sounds so pretty", et si ça sonne bien, le sens n'a pas trop d'importance.
Le dernier titre ne pouvait qu'être un hymne à l'imagination, "Wild Imagination", où il chante "I’ll tell you about my past / There’s believers and lovers / And druggers and dreamers / And drunkards and schemers", des images du passé qui reviennent à travers les sons et les paroles.
Un travail remarquable qui a déjà bénéficié du parrainage de Kim Gordon et on peut faire toujours confiance en la dame de Sonic Youth.
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