On arrive en avance à la rue Saint-Denis qui croise la rue de Rivoli, à l'entrée de ce petit bar au coeur de Châtelet, Le Klub. Tous les gens dehors sont habillés en metalleux, un gars aux cheveux longs qui sort avec son gilet en cuir imprimé Guns'n'Roses sur le dos, d'autres gens en total black gothique. On se demande si on ne s'est pas trompé d'adresse et pour lever tous les doutes, on descend en bas. Mystère révélé : après les travaux au Klub, il y a maintenant deux salles, une dédiée au culte du metal, l'autre pour tout autre genre de concerts.
La salle est encore presque vide et on entend tout de suit parler italien : voilà les Joycut avec leur manager Katia. Les gars très gentils nous accueillent en offrant un verre et on s'assied à la table avec eux en discutant des dernièrs événements à Paris. Ils confessent que beaucoup de gens leur avaient recommandé d'annuler leur tournée mondiale, en particulier en France. Mais ils ont voulu continuer et attachés à cette ville (ils avaient déjà joué à La Maroquinerie, au Festival Chorus et au MaMA), ils ont choisi exprès d'être en France pour leur deux dernières dates, après deux ans de voyage, qui les a emmenés jusqu'au Canada, aux Etats-Unis et en Islande.
Le bar est très cosy et on est vraiment entre amis tandis que les gars nous montrent les photos de leur tournée et nous parlent de leur dernière date, demain, aux Transmusicales de Rennes.
A côté de nous, le groupe d'ouverture, Albert Fallen, originaire de Paris, commencent à preparer la scène. Le duo, claviers et guitare, joue une électro minimaliste avec des riffs obsédants qui nous suggèrent les images des atmosphères berlinoises. Sur demande du public, qui connait bien leur musique, ils ajoutent un dernirer morceau avant de laisser la place aux Joycut.
Le changement de scène est un Tetris d'équilibre sur la petite scène pour monter deux percussions (réduites pour l'occasion) et les claviers. De la batterie de Nicola, il ne reste que le tom basse et c'est à Gael de jouer les percussions accompagné d'un tube silver suspendu à la verticale et le chimes.
On est très proche de la scène et l'ambiance de l'album Pieces of Us Were Left On The Ground (IRMA Records, 2013) nous transporte dans les territoires du post-rock qui sent d'electro wave. La voix de Pasco, presque éloignée, arrive altérée comme un autre son qui accompagne le tom rapide.
Les JoyCut sont passés par le rock alternatif, le post-rock jusqu'à la dérive electro, très active déjà avant dans leur premier album The Very Strange Tale of Mr. Man, un album concept derrière un personnage bizarre appelé Mr. Man. On se rend compte des influences que ces gars de Bologna ont eu dans leur parcours musical.
A partir de leur nom, inspiré d'une fusion de Nick Drake et Roger Waters des Pink Floyd, Joycut est un mélange de cultures, d'idées (ils sont connus pour leur âme écolo pour laquelle ils ont realisé des projets pour une musique durable) et d'influences de Hector Zazou aux Virgin Prunes, en passant par les Dead Can Dance, les Cocteau Twins, les Library Tapes, Harvey Milk, les Future Islands, D'Angelo, Kanye West et Jon Hopkins.
Après une heure d'immersion dans ces brumes sonores, les Joycut remercient leur public en soulignant encore une fois leur volonté d'être à Paris, dans une ville qui leur a beaucoup donné et dont ils ont beaucoup reçu.
On sera heureux que leur musique continue après leur tournée et un repos bien mérité. |