Depuis 1996, Glen Johnson nous envoie de jolies cartes postales sonores depuis son Londres embrumé.
Tenancier de Piano Magic, groupe lettré, aussi à l'aise avec la pop ligne claire, le shoegazing que l'éléctronica pointue, il a même un temps atterri chez le prestigieux label 4 AD, avec le convaincant Writers without Homes (2002), sorte de This Mortal Coil du troisième millénaire.
Disaffected (mécontent en anglais) fait suite au très plombé The Trouble Sleep Of Piano Magic, et sonne presque guilleret comparé à son successeur, même si la mélancolie propre au groupe perle tout au long de ce nouvel opus.
"You Can Hear The Room" débute par une rythmique électro, rapidement secondée par une batterie monolithique tandis que la voix de Glen Johnson enveloppe le tout… Le morceau se termine dans une orgie de saturation et de guitares tourbillonnantes à la My Bloody Valentine.
"Love & Music" et "Night Of The Hunter" sont deux morceaux d'obédience plus pop avec leurs guitares ligne claire noyées sous la réverbe… La voix lascive d'Angèle David-Guillou du groupe Klima et déjà croisée chez Piano Magic, s'invite sur un "Disaffected" dansant et mélancolique à la fois.
Spécialiste des invités de choix, Johnson a demandé à John Grant, chanteurs des Czars, de venir poser son timbre si particulier sur l'impeccable "Your Ghost"."I Must Leave London" est une balade d'amoureux transi (mais largué) emmené par des arpèges chatoyants ourlés de cordes discrètes.
"Deleted Scenes" révèle une autre facette du groupe. La voix de Glen Johnson évolue sur une rythmique new-wave et des synthés très eighties, clin d'œil au "Violator" de Dépêche Mode. Sur "The Nostalgist" Glen Johnson et sa troupe excellent dans l'art de la mise en scène sonore : paroles misérabilistes, guitares nostalgiques, bruit de pluie qui bat le pavé, avant de laisser place au magnifique "You Can Never Get lost (When You've Got Nowhere To Go", épilogue triste de ce Disaffected.
Il semble donc que Glen Johnson laisse poindre quelques éclaircies pop sur ce nouvel album, mais le ton général reste tout de même mélancolique. Fans de Happy Shiny People s'abstenir… |