Il est étrange comme certains accords nous paraissent familiers aux premiers souffles. "Hey, nous nous sommes déjà rencontrés quelque part 1=0 ?" Dans une autre vie ? Sur d’autres ondes ? Quand j’étais fœtus ? Aucune idée. Mais Non-Deux me rapproche de ce rêve étrange et pénétrant d’une musique que j’aime et d’une musique qui m’aime, ni tout à fait réelle, ni tout à fait irréelle…
19 pistes regroupant les EP’s du groupe (5 EP en 36 mois, qui dit mieux ?), et un peu plus qu’une compile qu’on empile pour amasser le pèze, des inédits, une pochette qui se déplie en panorama d’encres, d’images et de mots. Et ce fuck qui sort d’une mâchoire en colère. Histoire de fuckiser la planète un peu plus. Yeah !
Fortement rock, du sombre side des cordes, dans la fumée et la pénombre, d’entêtantes vibrations à faire se révulser les a priori et éjecter les démons de la routine. Ça secoue par où ça passe, les amis. Du coup, ça dépoussière, ça dérange un peu, ça frise et ça évacue méchamment. Sans répit, en toute fureur mais avec cette retenue si spéciale aux rockeurs français, une sorte d’élégance du pays du saucisson et des fromages pasteurisés… et de la baguette, j’ai failli l’oublier celle-là.
Tous en français, les textes dépeignent notre siècle, ses terreurs et ses espoirs avortés, mais aussi une tolérance et une impétuosité débordante. A nous faire nous retourner sur les débats d’actualités, et prendre un peu de recul à grands coups de "on parle de quoi, bordel ?". Il ne s’agit pas d’oublier d’où on vient, mais d’arrêter de plonger tête première sur le premier sujet de la liste et de bêler avec la foule. Souffre ! Aime ! Creuse ! Cherche ! Tombe ! Relève-toi ! Yeah.
C’est Ali Veejay qui mène la barque du quatuor, à partir d’une envie aussi simple que de composer ce qu’il avait envie d’entendre et de nous faire partager, du français cinglant et non répétitif à la rime intelligente.
Je les vois comme des rockeurs non apprivoisés qui revendiquent une fougueuse envie de retour à l’état sauvage et vous emportent dans le tourbillon. C’est qu’ils parlent à l’instinct du sur-moi (mais si, entre le moi et le non moi, juste à droite du très moi et à l’ouest du pas tout à fait toi…). Ce son est une évidence, les mots scandés et crachés sont des missiles à tête pivotante du côté des riffs et des étourdissements musicaux. Une sorte d’orgasme primitif.
Un direct en plein face et une fraîcheur familière qu’on rejoint en toute hâte.
Prends ça !
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