Spectacle conçu et mis en scène par Thomas Jolly d'après l'oeuvre éponyme de William Shakespeare, interprété par Damien Avice, Mohand Azzoug, Etienne Baret, Bruno Bayeux, Nathan Bernat, Alexandre Dain, Flora Diguet, Anne Dupuis, Émeline Frémont, Damien Gabriac, Thomas Germaine, Thomas Jolly, François-Xavier Phan, Charline Porrone et Fabienne Rivier.
Le comédien et metteur en scène trentenaire Thomas Jolly, encensé, notamment comme "dynamite théâtre qui bouscule les codes", clôt son périple shakespearien avec un "Richard III" qui ne rencontre pas le plébiscite avignonnais qui avait accueilli un marathonien "Henri VI", dont la durée battait le record claudélien du "Soulier de satin", "rafraichissement" qui n'est pas sans évoquer celui qui a affecté son aîné "l'enfant terrible du théâtre français" Vincent Macaigne.
Cela étant, le spectacle arrive à Paris avec l'étiquette "opera glam-rock" ce qui ne constitue pas une novation tant elle s'inscrit dans la vogue de la recontextualisation, de préférence musicale version entertainement, qui se doit, de surcroît, d'être la plus anachronique possible.
Et tous les commentaires qu'il appelle tiennent essentiellement à la forme tant elle conditionne et inféode le fond qui devient secondaire et nébuleux, l'analyse dramaturgique figurant dans sa note d'intention s'avérant phagocytée par les partis-pris scénographiques qui empruntent à des référents culturels générationnels, ceux de la génération des digital natives qui est la sienne, dont l'accumulation conduit à un salmigondis dépourvu de sens.
A l'adaptation, la mise en scène, la scénographie, et au jeu, Thomas Jolly se positionne en unique artisan d'un spectacle qui, bénéficiant de moyens conséquents résultant de la co-production par le Théâtre National de Bretagne et du Théâtre National de l'Odéon, ressort davantage au show qu'à la représentation théâtrale. Un choix assumé qui a ses adeptes et qui n'est donc pas dirimant en tant que tel.
Ce qui est plus gênant et appelle des réserves, tient au manque d'identité et de cohérence de ce spectacle d'assemblage qui vaut tant pour la scénographie, plateau plongé dans le noir, ambiance crépusculaire, décor composé d'échafaudages métalliques mobiles, sinon calqués du moins directement inspirés des décors de Pierre-André Weitz scénographe attitré de Olivier Py, et des effets spéciaux lumineux que le métissage iconographique, du romantisme noir à l'héroïc fantasy en passant par l'expressionnisme et le grand guignol, qui préside également à la confection des costumes confectionnés par Sylvette Dequest.
Des costumes que portent des personnages désincarnés campés par les comédiens de la troupe de sa Compagnie La Piccola Familia qui procèdent, dans le bruit et la fureur, à la profération en force du texte qui demeure souvent inaudible. Au jeu, Thomas Jolly s'approprie le rôle-titre, partition idéale pour acteur mégalomaniaque, dont il livre une composition haute en couleurs composée de clichés archétypaux, du punk à la drama-queen en passant par l'elfe bowieien.
En conséquence, il est raisonnable de considérer ce spectacle comme un divertissement un brin potache destiné aux amateurs du genre d'autant qu'il dure plus de quatre d'heures. Pour les autres qui s'y seraient fourvoyés est prévu un entracte salvateur.
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