Monologue dramatique écrit et interprété par Nadège Prugnard.
"Alcool", c'est un cri, un sanglot, un combat à fleurets non mouchetés entre les pulsions de vie et de mort, une tranche de vie bien saignante, rouge sang comme la robe et les escarpins, comme la main coupée par le verre, comme la tête qui finirait par éclater par les coups répétés contre le mur.
Nadège Prugnard signe cette partition autofictionnelle, ironiquement sous titrée "Un petit coin de paradis", qui décline une des thématiques récurrentes des paumés existentiels dont la plume trempée dans la vinasse alimente un travail originel sur le verbe.
Ces soliloques placés sous le digne de la rage et de la fureur de vivre célèbrent la danse de mort avec soi-même, les noces furieuses de l'éthylisme de la femme exacerbée par un amour malheureux, une maternité inaccomplie et une stigmatisation artistique qui font sombrer dans la dépression et plonger dans la solitude, et l'ivresse littéraire de l'auteure, la bouée de sauvetage.
Dans un espace scénique confiné, un mètre-carré au sol, celui de l'enfermement, recroquevillée, le visage collé dans l'angle de deux murs en miroir déformant, dernière pudeur, dernier rempart, une femme conspue et revendique ses addictions, son âme abîmée, son corps cloaque, au terme d'un flux de pensée scandé comme du punk-rock, bribes textuelles éructantes multipliant les retours à la ligne, avec le réalisme brut et brutal du "in-yer-face" parsemé de poudre d'étoiles.
Comme, en l'espèce, elle est son propre matériau d'écriture, Nadège Prugnard est également son interprète et délivre une exceptionnelle performance incarnée et cathartique qui emporte et ravage. |