Stranded Horse, Luxe : des chemins inhabituels et métissés
Stranded Horse présentera ses titres en sextet au 104, le 11 février 2016 en co-plateau avec Arlt. Un titre paradoxal et la présence d’Eloïse Decazes.
Rarement album n’aura porté un titre aussi paradoxal que celui-ci, car il est tout sauf luxe. La musique de Luxe n’est en effet ni ostentatoire ni inutile, même si elle est d’une richesse foisonnante.
C’est même vu de moi, l’album essentiel de ce début 2016, un disque dont on a la certitude après quelques semaines d’écoutes, qu’il sera un des compagnons de notre année musicale et sans doute bien au-delà.
Alors que Luxe est déjà le troisième album du groupe, c’est celui par lequel j’ai commencé mon initiation. Je ne savais rien en effet de Yann Tambour et de ses aventures antérieures. C’est la présence d’Éloïse Decazes sur deux titres qui m’a incité à découvrir son univers, car il faut bien reconnaître que la chanteuse d’Arlt sait choisir ses "partenaires de jeux" qu’il s’agisse de Delphine Dora ou d’Eric Chenaux.
Ici sa présence se fait plus discrète, mais elle apporte une indéniable grâce aux deux morceaux auxquels elle contribue : "Monde" notamment un morceau qu’elle chante en duo avec Yann Tambour ; un titre folk écrit en français où Yann Tambour s’accompagne d’une sobre guitare folk.
Mais ce classicisme ne dure pas. La biographie du musicien nous apprend en effet qu’il a fait de nombreux séjours à Dakar et réalisé des concerts sur les cinq continents. Sa biographie ne nous le dirait-elle pas qu’on le devinerait.
Un album construit comme un patchwork de différents styles. Car Luxe est tout sauf la synthèse d’influences variées. Il est construit à la manière d’une mosaïque composée de neuf titres, chacun d’eux ayant une couleur propre. Et c’est ce qui fait toute la beauté et la singularité de cet album.
Yann tambour, le musicien s’y comporte aussi comme un jongleur et comme un peintre. Il jongle sans cesse avec les ambiances, les langues, les orchestrations les plus diverses et le tableau ainsi obtenu est pourtant d’une harmonie totale.
Après avoir lancé la balle folk Français, il enchaîne par "A Faint Light", la première balle aux couleurs africaines où la guitare folk et Kora (sorte de luth) se livrent à un dialogue entraînant, sur fond de langue anglaise. Puis avec "Ode To Scabies", il lance une balle pop / rock US, un titre qui m’évoque les derniers albums des Feelies.
Les morceaux s’enchaînent : "Rejoindre les hémisphères", avec Eloïse Decazes, serein et rehaussé des cordes du trio Vacarme. Le sublime et très dansant "My Name is Carnival", un des titres les plus métissés de l’album. La conjugaison parfaite de rythmes et d’instruments traditionnels africains et d’un morceau chantée avec des accents qui évoquent un peu le Lou Reed de New York. Changement total d’atmosphère avec le très poignant "Sharp Tongues".
Inattendu retour à la chanson française avec "A qui dois-tu montrer les dents ?", un titre digne d’un Murat Urbain sur fond de claviers. "Dakar" : élégant et plein d’âme. J’ose à peine écrire que le "Korat Hero" s’y livre à un duel insensé avec le "guitare folk héro". Un moment de bravoure tout en délicatesse.
L’album se conclut par le bien nommé "Unusual Ways" : un titre baroque aux influences mandingues. Yann Tambour y a un je ne sais quoi de Jonathan Richman des Modern Lovers. Une façon de ne pas se prendre au sérieux probablement.
Alors pourquoi Luxe ? C’est sans doute la question à ne pas se poser. C’est en tous cas un album luxuriant qui s’écoute en boucles. Achetez Luxe et surtout ne loupez pas le rendez-vous du 104 avec Stranded Horse et Arlt !
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