Spectacle conçu par le Collectif Les Possédés, mise en scène de Rodolphe Dana, avec Katja Hunsinger, Antoine Kahan et Marie-Hélène Roig.
Dans le registre de la transposition théâtrale d'un texte littéraire, Rodolphe Dana, comédien et metteur en scène co-fondateur du Collectif Les Possédés nommé en 2015 directeur du Centre Dramatique National de Lorient, met en scène un spectacle consacré à Marcel Proust.
Un titre conceptuel accrocheur, "Le coup droit lifté de Marcel Proust", et une note d'intention alléchante pour que, "entre la lecture et le jeu, la parole et l’interprétation, le spectateur retrouve cet état de lecture qui lui est cher et propre" mais une proposition décevante à plus d'un titre.
En effet, d'une part, elle consiste en un simple montage d'extraits convenus, et donc réducteurs, de "Du côté de chez Swann", tels le baiser du soir ou la fameuse madeleine, certes évocateurs, car inscrits dans la conscience collective, et fédérateurs, peu du commun des mortels étant allé au-delà de ce premier volume de "A la Recherche du temps perdu".
Le "spectacle" commence dans le noir, nouvel engouement de la scène contemporaine française engluée dans le revival des années 1970, avec, en préambule, les dernières heures de Marcel Proust relatées par sa gouvernante dont Antoine Kahan caricature la voix de manière horripilante tout comme, ultérieurement, il se livrera à un numéro d'acteur appuyé pour camper le personnage de Legrandin.
D'autre part, axé sur la staticité et l'artificialité de lumières sépulcrales, le parti-pris de mise en scène qui fait naviguer les officiants, Katja Hunsinger, Antoine Kahan et Marie-Hélène Roig entre distanciation, affectation et jeu accentué ne convainc pas d'autant que les voix, sonorisées, accrochent sur un texte rétif à l'oralité.
Donc un coup, mais d'épée dans l'eau, qui confirme que, comme "La Recherche" fut écrite dans la réclusion, sa lecture ne se prête guère à la célébration collective. |