Spectacle conçu et interprété par Karine Mazel-Noury et Pierre Deschamps dans une mise en scène de Muriel Corbel et Bernard Colin.
L'amour en temps de guerre, la guerre qui sépare les amants et décime les familles. Karine Mazel-Noury et Pierre Deschamps déclinent la thématique classique, universelle et intemporelle du télescopage de la grande et de la petite histoire dans "Le chant des coquelicots".
Rien de nouveau donc sur le fond compassionnel de l'histoire d'un couple pris dans la tourmente, en l'occurrence, celle de la Première guerre mondiale qui en relate les événements récurrents tels la permission, la boucherie du front, la démobilisation des "gueules cassées" et le traumatisme des survivants.
En revanche, le singulier, sinon l'inédit, tient à ce que cette proposition suit une troisième voie entre le théâtre-récit et le conte théâtralisé en s'inscrivant dans un genre sui generis, celui du "nouveau conte", qui tend à s'exporter sur scène pour investir les lieux du spectacle vivant pour élargir son auditoire.
Ressortant aux arts du conteur et de l'oralité, et non du théâtre au sens traditionnel du terme, il repose sur un distingo subtil pour se démarquer tant du conte comme genre de la littérature orale que du théâtre narratif en mêlant l'art du conteur et le jeu de l'acteur non pour l'incarnation et l'illusion réaliste mais pour l’évocation et l’esquisse sollicitant l'imaginaire et l'affect du spectateur.
Concrètement, en l'espèce, cela se traduit par des partis-pris textuel, avec une hybridation du récit et des scènes dialoguées avec, en sus, l'insert, dans la trame principale, de figures et micro-drames qui empruntent tant à la réalité qu'au fantastique et à la mythologie, et scénographique, un plateau nu, et la mise en scène bicéphale de Muriel Corbel et Bernard Colin dans laquelle une gestuelle chorégraphiée alterne avec la posture du diseur.
Officiants à la présence empathique, Karine Mazel-Noury et Pierre Deschamps, satisfont au cahier des charges d'un spectacle singulier en quête d'un public curieux qui se situe aux antipodes de la création contemporaine mainstream.
|