Comédie écrite et mise en scène par Anne Falcon, avec Germain Boissy, Geert Van Herwijnen, Eve Saint Louis, Mathilde Cessinas et Etienne Tho.
"Bienvenue dans la World box !". Une voix off accueille le spectateur pour lui annoncer qu’il est convié à une séance d’observation de ce nouveau monde où des candidats ont subi des transformations pour devenir des êtres parfaits : des Machumans (Hommes-Machines).
Le spectateur sent d’entrée qu’il va vivre un moment théâtral différent. Il ne sera pas déçu…
C’est toujours un grand bonheur de découvrir un spectacle qui sort de l’ordinaire. Et une compagnie qui fait de vrais choix artistiques. C’est le cas de la Compagnie des Lueurs qui avec "In the World Box" propose une vraie création, aussi innovante qu’aboutie.
A l'origine du projet, Anne Falcon, qui a conçu, écrit et réalisé ce petit bijou. Et on se dit après avoir vu cette première œuvre, qu’elle a déjà tout compris et ira loin tant son écriture est intéressante, sa mise en scène pertinente et sa splendide esthétique, parfaitement cohérente.
Dans un univers futuriste qui rappelle les grands films d’anticipation (de "1984" à "Bienvenue à Gattaca") dont on ne sait s’il est sur terre ou dans l’espace, ses personnages (admirablement dirigés) se meuvent tous selon une gestuelle et une rythmique spécifique.
Après un premier quart d’heure purement stupéfiant tant il nous balance immédiatement dans une ambiance insolite bluffante et fascinante, on suit la rencontre puis les affres d’un couple de Machumans fraîchement formé (dans la Love-box) qui doit pour pouvoir durer, trouver une Home-box et donc pour cela, une Work-box. On ne dévoilera pas ce qu’il adviendra de Mademoiselle C et de Monsieur A mais ils ne seront pas au bout de leurs difficultés…
Anne Falcon traite avec un regard aiguisé et un humour absurde du monde du travail mais aussi de la société moderne, décrivant avec une plume acérée la mécanisation à l’extrême mais aussi la virtualisation des rapports humains dans cette fable noire où procédures et pression continue entrainent les personnages dans une spirale infernale.
L’ensemble ne pourrait fonctionner qu’avec une direction artistique irréprochable. C’est le cas avec de formidables costumes de Donatella Franco, une mise en scène précise (avec un travail sensationnel sur le corps et la gestuelle), rythmée et ludique.
Le tout, interprété par une équipe de jeunes comédiens tous excellents. Eve Saint-Louis (Mademoiselle C) est captivante de présence et de profondeur dans le rôle de celle qui se révolte. Son jeu tout en finesse force l’admiration.
Geert Van Herwijnen est un Monsieur A plein de subtilité et de drôlerie. Germain Boissy incarne Monsieur H, le patron, avec une frénésie jubilatoire et grandiose. Quant à Mathilde Cessinas (Mademoiselle T) et Etienne Tho (Mademoiselle U), ils sont formidables de richesse de jeu et de générosité. Une bien belle équipe.
On ne peut que souhaiter un plein succès à "In the World Box", création aussi originale qu’intelligente qu’il ne faut en aucun cas rater. |