Seul en scène écrit et interprété par Yannick Jaulin accompagné par la violoniste Julie Mellaert dans une mise en scène de Matthieu Roy.
Yannick Jaulin est un vendéen pure souche issue d'une longue lignée paysanne, ce qui a pour corollaire son attachement à sa terre, à son patois, le parlanjhe, à sa culture et à sa foi.
La messe est dite, expression de circonstance dès lors que son dernier opus en date, "Comme vider la mer avec une cuiller ?", titre résultant du télescopage d'une croyance maternelle et de l'interrogation de l'Insensé de Nietschze, traite de la religion ou plus exactement du besoin d'infini consubstantiel à l'homme de croire en une entité supérieure pour donner un sens à sa vie.
Par ailleurs comme il est griot, acteur majeur du renouveau du conte, il s'empare des textes dits "sacrés" des trois religions monothéistes qu'il considère non comme des textes divins révélés mais comme de simples récits largement ancrés dans le fantastique et le merveilleux qui ont subi maintes interprétations et ré-interprétations au cours des siècles ce qui les rapprochent des contes et légendes.
Il en narre certains épisodes avec verve et humour, et non cette pointe d'inquiétude qui résulte des résurgences violentes des intégrismes et des fondamentalismes, en prenant parfois quelques libertés qu'il qualifie d'ornements de moine copiste.
Ainsi en est-il de la conception surnaturelle de Jésus par une insémination par les voies aériennes qu'il met en résonance avec les techniques de PMA, des amours de Salomon et de la Reine de Saba à l'origine du rastafarisme avec quelques couplets de Bob Marley, du fils de sa coiffeuse qui se prénomme Samson ou du destin de Moïse devenu bègue,
Et il n'est pas totalement seul en scène car une jeune femme, la violoniste Julie Mellaert qui interprète les intermèdes composés par Morgane Houdemont, fait quelques apparitions comme interlocutrice muette. Car Yannick Jaulin semble regretter le temps des déesses-mères païennes qui ont été sacrifiées au nom d'une société patriarcale.
Par son interprétation à la fois candide, ironique et malicieuse, sa mise en parallèle de mythes et d'anecdotes autofictionnelles et son art de conteur émérite et éprouvé, il enchante le public qui aime toujours entendre raconter des histoires. |