Spectacle conçu et mis en scène par Jean-Michel Ribes, avec Maxime d’Aboville, Michel Fau, Hervé Lassïnce, Sophie Lenoir, Alexie Ribes, Stéphane Roger et Aurore Ugolin.
Comme il est des morts qu'il ne faut pas exhumer, il est des figures qui supportent mal la transposition scénique. Ainsi en est-il des "dadaïstes dandys" Jacques Vaché, Arthur Cravan et Jacques Rigaut, distingués par André Breton, le pape du Surréalisme, dans son anthologie de l’humour noir puis par Jean-Michel Ribes qui, dans ses jeunes années, leur a consacré une partition intitulée "Par-delà les marronniers".
Quatre décennies passées et en 2016, année du centenaire du Dadaïsme, il la réactive pour rendre "hommage joyeux" à ces trublions ayant sévi de manière éphémère dans le Tout Paris des Années Folles qu'il qualifie de "résistants à la barbarie de la civilisation", de "moqueurs de génie" et de "frères des dessinateurs assassinés de Charlie Hebdo".
Falots héritiers des excentriques du 19ème siècle, ces mondains oisifs morts à la fleur de l'âge qui traînaient leur mal de vivre en bandoulière ont laissé peu de traces scripturales, quelques lettres, poèmes et aphorismes qui n'avaient guère plus d'audience que celle des cénacles dans lesquels ils se produisaient.
Jean-Michel Ribes les porte sur scène sous forme de collage "à la manière dadaïste", selon une dramaturgie qu'il indique être inspirée du cadavre exquis, en cinq tableaux thématiques - La Guerre, L’Amour, L’Art, L’Ennui et La Mort - qui scandent leur biopic sommaire.
Pour la scénographie, il a fait appel au duo Sophie Perez-Xavier Boussiron, spécialistes du dynamitage performatif du culturel et fondateurs de la Compagnie du Zerep également présente sur scène avec les performeurs Sophie Lenoir et Stéphane Roger qui, errant hors de son pré-carré du carton-pâte potache, s'est limité à quelques praticables sans caractère.
Juliette Chanaud s'avère mieux inspirée pour les costumes féminins et notamment les échafaudages patriotiques qui coiffent les charmantes têtes des "girls" campées par Sophie Renoir, Alexis Ribes et Aurore Ugolin qui poussent quelques chansonnettes mises en musique par Reinhardt Wagner.
Les fulgurances de Michel Fau, toujours irrésistiblement emphatique, Maxime d’Aboville, scansion et fumination luchiniennes, et Hervé Lassïnce, dilettante mélancolique, captent l'attention. Ce qui se passe en leur absence ou en périphérie ressort à l'anecdotique. Selon le précepte dada, cette "Revu(e)" fera sans doute "hurler le public". |