Réalisé par Patrick et Emilie Grandperret. France/Cuba. Comédie dramatique. 1h30 (Sortie le 13 avril 2016). Avec Robinson Stévenin, Antoine Chappey, et Pierre Richard.
Et revoilà Patrick Grandperret ! Depuis "Courts circuits", il y a déjà 35 ans, jusqu'à "Fui Banquero", ce franc-tireur ex-champion moto aura finalement quand même fait œuvre.
"Fui Banquero", son septième long-métrage de cinéma, coréalisé avec sa fille Émilie, est la preuve vivante qu'il n'a pas trahi tout ce qui circulait dans ses précédents films, et, notamment, dans celui qui a marqué toute une génération, "Mona et moi".
Au moment où Cuba connaît les prémisses d'un changement qui devrait voir revenir tous ceux qui sont partis en 1959, avec leur cortège de perversions marchandes, Patrick Grandperret a décidé de filmer le pays tel qu'il est au bout d'une bonne cinquantaine d'années de castrisme.
Figé pour les marchands, Cuba paraît plein de vie pour bien des habitants de "base", ceux qui, tels la majorité des habitants de la planète, se moquent bien des constitutions et des habeas corpus, et n'ont qu'envie de vivre heureux sans penser mais en rêvant.
Venu avec un cortège de corbeaux encravatés représentant une banque prête à investir dans ce qui sera bientôt un nouvel eldorado touristique, Robinson Stevenin va les laisser choir pour, avec la complicité d'un diplomate français et de son traducteur cubain, jouer les sans-papiers à La Havane.
On pense, un peu, à "Dans la ville blanche" d'Alain Tanner, où le marin Bruno Ganz errait à Lisbonne. Poète de la nonchalance, Grandperret filme Cuba en carte postale mais avec un plus : ses habitants...
Et puis, le jeune ex-banquier est aussi là pour faire le deuil de son père. Un père qui sera de plus en plus présent tout au long de ce voyage dans l'imaginaire, au point de lui apparaître.
C'est un Pierre Richard émouvant, toujours porteur de l'envie de jouer, qui l'incarne. Avec son âme d'enfant et ses traits burinés d'ancien ahuri, il mène Robinson et ses amis à l'assaut d'un trésor de pirates.
"Fui Banquero" d'Emilie et Patrick Grandperret est alors dans la lignée des films "pour enfants" de ce dernier, comme "L'Enfant-lion" ou "le Maître des éléphants".
Dans "Fui Banquero", circule une belle nostalgie, celle d'un monde où le cynisme et l'efficacité n'étaient pas les valeurs dominantes. Cuba est vraiment l'endroit idéal pour se souvenir qu'il faut garder en soi une flamme d'utopie pour réaliser des beaux films
Sans arrière-pensées commerciales, "Fui Banquero" d'Emilie et Patrick Grandperret propose un vrai dépaysement. Robinson Stevenin a les épaules pour un rôle pas si facile que ça... et Viva Cuba ! |