Amadou et Mariam revenaient pour la 2ème fois au Printemps de Bourges mais avec une
Victoire de la Musique 2005 dans la catégorie Reggae/Ragga/World avec leur album Un dimanche à Bamako.

Vos débuts ont-ils été difficiles ? Est-ce que votre handicap visuel vous a posé problème pour vous lancer dans la musique ?
Mariam : Au Mali, c'est pas difficile, c'est tout. On est déjà dans la famille d'artistes, il n'y a pas de problème là-bas.
Amadou : Ils nous ont toujours soutenus au Mali, dans nos débuts, puis après. On a fait des concerts, les gens étaient contents, ils nous ont soutenus et encouragés. Ca a été très important, capital pour nous. Et aussi quand on a commencé à jouer, il y a eu plein de gens qui nous ont soutenus, à chaque fois qu'il y a quelque chose à faire, ils viennent nous chercher. Parce qu'au Mali, les handicapés visuels n'ont pas trop de problème au niveau professionnel et musical non plus. On arrive à le faire, on joue un peu partout et ça se passe très bien.
Ce soir, vous jouez dans une grande salle, est-ce différent pour vous ? Est-ce plus intéressant lorsque vous tournez dans de petites salles, ou devant un grand public ?
Mariam : C'est très très intéressant pour nous. Ce n'est pas la première fois qu'on joue ici, c'est la deuxième fois, et ça nous fait énormément plaisir de jouer avec un grand public.
Amadou : Oui, le grand public c'est bon parce que les gens comme ils sont beaucoup, ça aide beaucoup aussi ! C'est comme une grande fête. Mais toutes les fêtes ont leur importance, que ce soit dans une petite salle où les gens sont à côté et où c'est très intime, ou alors dans une grande salle, où c'est très différent. Si c'est une grande salle, on sait qu'il y aura plein de monde et on fait une grande fête. Mais si c'est une petite salle, c'est bien aussi, c'est plus amical. Nous, on aime bien les deux ambiances.
Quand il y a beaucoup de monde, ça nous donne du courage, de la joie, de la gaieté, et ça nous permet d'évoluer, de nous surpasser, parce que la scène, c'est quelque chose que nous aimons. Nous aimons vivre ça et c'est bien parce que c'est l'occasion pour nous de nous exprimer devant un public. C'est différent dans les studios, où l'on est qu'avec les ingénieurs. Avec tout le monde, c'est bien, on s'éclate quoi ! Et c'est l'essentiel de s'éclater justement ?
Amadou : Ben c'est la preuve de beaucoup de bonheur parce que quand on s'éclate, c'est qu'on est très content. Et si ce n'est pas le cas, on préfère s'effacer.
C'est la deuxième fois que vous venez au printemps de Bourges ?
Amadou : Oui c'est la deuxième fois. La première fois, c'était au Magic Mirror, ça devait être en 2000. mais c'était bien parce que c'était à la fin donc quand nous avons joué, tout le monde était là-bas, et on s'est bien régalé. Les gens ont beaucoup aimé. Et c'était bien pour une première fois, parce qu'il y avait tous les professionnels mais ce soir c'est différent et je pense que ça va être bien avec tout ce public.
Vincent Cassel est présent dans votre clip, quelle en est la raison ? Est-ce parce qu'il aimait votre musique qu'il a participé ?
Amadou : Oh oui parce qu'il y a eu beaucoup d'invités sur le clip, des gens qui aimaient bien notre musique. Et c'était pour faire passer une histoire, qui parle de la vie, de la réalité, des rencontres et de pas mal de choses. Et partant de cela, Vincent Cassel aussi aimait bien notre musique et il a tenu à être là parce qu'il y avait nous et aussi des comédiens maliens, des musiciens, des chanteurs, des rappeurs que nous connaissions très très bien. Et donc avec tout ce monde, c'était une grande rencontre oui.
Manu Chao a participé à votre album, il en est le producteur, est-ce vous aussi vous aimeriez un jour prendre des artistes sous votre aile, comme il l'a fait pour vous ?
Amadou : Oui, le résultat ça peut être ça, nous aussi si nous aimons quelqu'un, on est bien prêt à le faire pour que ça démarre, que ça décolle. Nous, on a toujours plus ou moins fait ça, au Mali, on a eu à former des musiciens, à faire des guitares pour des musiciens maliens. Il n'y a pas de raisons pour que, si une musique nous intéresse, on ne fasse pas quelque chose. Manu Chao, s'il est avec nous, c'est pour une histoire d'amour, une histoire de musique. Il a aimé notre musique et il a voulu nous aider et c'est ça le plus important.
Vous avez récemment reçu une Victoire de la Musique en France, comment vivez-vous cet accueil du public français ?
Mariam : C'était une grande joie pour nous, après avoir fait tant d'années de musique, c'était beaucoup de travail.
Amadou : C'était bien, on était bien content, aussi pour le fait que ce soit ici, en Europe, et pas en Afrique. Parce que nous avons tourné en Afrique, mais c'est bien aussi que nous soyons là et que nous ayons une Victoire, comme ça. C'est une belle récompense pour toutes ces années et c'est aussi une reconnaissance pour notre musique donc nous avons bien vécu ça.
On était très surpris mais on attendait beaucoup, un jour ou l'autre, de pouvoir jouer sur une scène où notre musique serait reconnue par tout le monde. Je pense que l'effet a été bénéfique, le fait que tout le monde nous ait vus sur une chaîne de télé et maintenant ils savent que nous savons aussi faire de la bonne musique.
Nous souhaitons que ça puisse continuer et nous, de notre côté, on va travailler davantage pour essayer d'aller de l'avant, c'est important. Il ne suffit pas d'avoir une Victoire, maintenant, il faut pérenniser cette action. Donc on va aller de l'avant, essayer de jouer un peu partout pour se faire connaître davantage. |