Monologue dramatique d'après le roman éponyme de Rachel Hausfater dit par Anne Barthel dans une mise en scène de Marie Véronique Raban.
Pour aborder la situation des enfants victimes de l'Holocauste et leur difficulté à se (re)construire, Nicole Gros et Marie Véronique Raban ont fait un choix inattendu puisqu'elle n'ont retenu ni un opus dramatique ni un texte-témoignage mais un récit fictionnel, de surcroît, ressortant à la littérature jeunesse.
"Yankov" de Rachel Hausfater, écrivain spécialisée dans ce registre littéraire et pour laquelle la Shoah constitue un thème récurrent, raconte la libération d'un orphelin juif et ses premiers jours dans une maison d'enfants.
Cette période transitoire, traitée sous la forme d'un récit en temps réel effectué par l'enfant-narrateur, opère donc selon les codes de la littérature jeunesse qui tiennent notamment à la finalité didactique et mémorielle de l'éveil des consciences au regard d'un fait historique et, surtout, à l'instrumentalisation du récit pour délivrer un message positif afin de ne jamais céder au désespoir et de croire à la résilience.
Dès lors, on est loin de la densité dramaturgique de récits comme "Histoire d'une vie" de Aharon Appelfeld ou "Rouge décanté" de Jeroen Brouwers qui est compensée par une écriture compassionnelle qui, transposée sur scène, sollicite l'émotionnel du spectateur.
A la mise en scène, Marie Véronique Raban use judicieusement du réalisme distancié et de judicieux d'inserts musicaux, dont de séraphiques chants d'enfants, pour tempérer le pathos.
Au jeu, l'exercice est périlleux et Anne Barthel, belle comédienne, réussit, sans travestissement, notamment de la voix, une bouleversante et crédible incarnation. |