Co-organisée par la Réunion des musées nationaux - Grand Palais et le Musée National de Corée, avec le concours de la Cité de la céramique de Sèvres,
l'exposition "La Terre, le Feu, l'Esprit"
invite à découvrir les chefs d'oeuvre ancestraux de la céramique coréenne.
Inscrite dans le cadre de l'Année France-Corée 2015-2016,
elle a té conçue sous le commissariat de Kim Youngna, ancienne directrice du Musée national de corée, Im Jin A, Kim Kyudong, Kim Hyunjung, Park Hyewon et Yoon Sangdeok, conservateurs audit musée et Stéphanie Brouillet, conservatrice à Sèvres.
Dans une superbe scénographie en ligne de fuite qui exploite le beau volume du salon d'honneur du Grand Palais, elle se déroule selon un parcours chrono-stylistique qui s'impose dès lors que l'évolution de cet art appliqué est, en l'espèce, étroitement lié aux trois grandes périodes de l'Histoire du pays et à leur culture.
La céramique coréenne, de la terre à la porcelaine
Les plus belles pièces du Musée national de Corée, dont de nombreuses classées "Trésor national", dressent un éblouissant panorama de la céramique coréenne longtemps méconnue et éclipsée notamment par la céramique chinoise pionnière dont elle a su s'émanciper pour la décliner selon le goût et les croyances des élites aristocratiques et des lettrés de chaque dynastie.
Au 10ème siècle, après la poterie ancestrale des Trois Royaumes, une poterie dure tamponnée de fins motifs stylisés et aux formes simples adaptées à leur fonction essentiellement utilitaire et rituelle, l'évolution de la céramique est liée aux goûts et croyances des deux dynasties régnantes successives jusqu'au début du 20ème siècle, la dynastie Goryeo de confession bouddhiste et la dynastie Joseon d'obédience confucéenne.
La première décline le céladon d'origine chinoise en la couleur gris-vert du jade qui sublime les pièces aux formes aussi somptueuses que délicates.
Par ailleurs, est inventée une céramique spécifiquement coréenne, le "buncheong"avec des pièces de grès gris recouvert d'un épais englobe blanc.
Avec la seconde, s'impose la beauté épurée de la porcelaine blanche.
Uniquement blanche pour les rituels funéraires, pour les arts de la table et les objets décoratifs, elle intègre un décor bleu au graphisme délicat ou à décor rouge de cuivre.
Deux dénominateurs communs se dégagent et s'imposent au visiteur néophyte.
D'une part, une esthétique minimaliste, avec la simplicité des formes et l'harmonieuse combinaison de beauté, de raffinement et de subtilité.
D'autre part, la finesse du décor résultant tant des incisions, incrustations et dessins peints.
Un décor qui, avec ses motis essentiellement puisés dans la faune et la flore, traduit une sensibilité naturaliste sans avoir une seule vocation ornementale.
En effet, il résulte d'un répertoire thématique symbolique, tels par exemple le bestiaire fantastique, vestige d'un culte chamanique, ou
le registre "fleurs et oiseaux" image de prospérité, en corrélation avec la cosmogonie coréenne qui s'impose dans tous les arts, ainsi en peinture comme l'a illustré la récente exposition "Tigres de papier" au Musée Guimet.
L'exposition se clot par une mise en résonance avec des oeuvres contemporaines de céramique sculpture qui traduisent l'hybridation réussie de la tradition et de la modernité tout comme la céramique design qui a fait l'objet d'une monstration dans le cadre de l'événement "Korea Now ! Craft et design en Corée" qui s'est déroulé au Musée des Arts décoratifs.
Ainsi, par exemple, sous la tutelle de deux toiles de l'incontournable Lee Ufan,le travail de l'argile blanche, avec une re-création de la jarre de lune par
Park Youngsook
et le vase composé de tessons de céramique de Yeesookyun dialoguent avec le monumental panneau mural de Shin Sangho
inspiré du traditionnel patchwork coréen. |