Sarah Blasko avait terminé la tournée australienne, qui lui permettait de présenter son nouvel opus Eternal Return, trois jours auparavant. Elle avait pris l'avion, était arrivé à Paris la veille. On s'attendait à la trouver un peu fatiguée, or c'est une jeune femme en pleine forme, épanouie, sympathique et drôle qu'on retrouvait de bon matin, rue des Petites Ecuries, pour discuter de son déjà sixième album. Récemment mariée et maman d'un petit garçon, la star australienne, dont les trois premiers albums ont été disques de platine dans son pays, nous parlait de cette nouvelle vie et de cette nouvelle source d'inspiration.
L'amour et la joie sont-ils de bons sujets sur lesquels écrire ?
Sarah Blasko : Je ne sais pas. Ce n'est pas comme si j'avais exploité intentionnellement ces sujets, comme si je m'étais forcée à écrire un album là-dessus. Mes textes sont sortis de manière très libre. J'ai simplement écrit Eternal Return à propos de ce qui se passait dans ma vie à ce moment-là. Mes précédents album étaient plus inspirés par la tristesse et les difficultés que je rencontrais dans la vie. C'était agréable cette fois-ci d'écrire dans un esprit positif et qui allait de l'avant. C'était facile. Je ne sais pas néanmoins si ce sont de bons sujets.
La production d'Eternal Return est différente des précédents, plus pop, avec une voix qui monte plus haut dans les aiguës. Ceci a-t-il été pensé en amont de l'enregistrement, ou est-ce le fruit du travail en studio ?
Sarah Blasko : Lorsque j'ai réalisé que toutes les chansons que j'écrivais étaient des love songs - ou du moins la plupart -, j'ai pensé qu'un disque pop s'imposait. Au regard des sujets que j'aborde dans le disque, le traitement pop me semblait évident. J'ai écrit les chansons chez moi, avec mes machines. Le traitement pop existait donc déjà sur les maquettes.
Maintenant vous vivez en famille avec un enfant. Cela a-t-il modifié votre manière de travailler, en studio ou en tournée ?
Sarah Blasko : Pour l'instant, je ne peux pas encore vraiment répondre. Mon bébé a dix mois. J'ai écrit et enregistré avant mon accouchement. J'ai fait quelques dates en Australie durant lesquelles mon mari et mon enfant m'ont accompagnée. C'est vrai que ça a été une période de grands bouleversements dans ma vie, un mariage, une naissance, un déménagement... Contrairement à ce que les gens peuvent penser, c'est le déménagement qui a été le plus stressant (rires). Bien entendu, tous ces changements dans ma vie entraînent des modifications dans toute la manière dont je m'organise au quotidien. Mais, par rapport à mon activité artistique, le mieux serait qu'on en reparle pour la sortie du prochain album, parce que rien de tout cela ne m'était encore arrivé lorsque je travaillais sur Eternal Return.
Vous êtes une artiste populaire en Australie, mais votre succès est plus confidentiel en Europe. Quels sont les bons points de ces deux configurations ?
Sarah Blasko : J'aime jouer. Quels que soient le public et l'endroit. La scène est là où je me sens le mieux. J'aime le travail de studio, mais le live c'est vraiment quelque chose de spécial. Je suis prête à jouer n'importe où s'il y a une demande. La taille de la salle où je joue m'importe peu. C'est plus l'énergie que renvoie le public qui est important. Mieux vaut un public passionné ou qui comprend ma musique, qu'un public nombreux, quel que soit l'endroit du globe.
Pourtant, vous avez dû annuler quelques dates de la tournée européenne.
Sarah Blasko : En effet. Pour être honnête, la décision est juste financière. C'est difficile de venir d'Australie pour une tournée, les coûts sont importants. La plupart des artistes ne peuvent le faire que parce qu'ils bénéficient d'une aide gouvernementale. Or, cette fois, ma demande d'aide n'a pas abouti, et il nous a fallu réduire le nombre de dates en Europe. J'espère néanmoins pouvoir revenir plus tard dans l'année.
Cela signifie-t-il aussi que le spectacle en Australie et en Europe est différent ?
Sarah Blasko : J'ai tourné en Australie accompagnée de six musiciens, mais il n'y aura que cinq musiciens avec moi pour les spectacles européens. Et trois de ces musiciens vivent à Londres.
Donc, le fait d'avoir vécu à Brighton vous aide.
Sarah Blasko : Oui, ça m'est encore très utile aujourd’hui. (rires)
Ce long séjour à Brighton, en Angleterre, a-t-il été une expérience qui a encore une influence sur votre écriture ?
Sarah Blasko : Oui. Je n'avais jamais vécu toute seule, hors d'Australie, à l'étranger auparavant. Certes pour un australien, la Grande-Bretagne n'est presque pas l'étranger, parce qu'il y a beaucoup de points communs en terme de culture. Mais c'était quand même très loin de la maison pour moi. Alors, oui, je me souviendrai toujours de cette année-là, parce que j'étais seule dans ma chambre.
De ma fenêtre, je voyais la mer, et surtout j'entendais le cri des mouettes, très présent, très fort. C'est un son triste. Parfois, j'écoute des démos enregistrées à ce moment-là et j'entends encore le bruit des mouettes en arrière-fond. Cela me ramène tout de suite à Brighton.
Ça a été une période plutôt difficile, mais avec des moments merveilleux aussi. Je ne connaissais personne, mais l'endroit était agréable et les gens sympathiques. Aujourd'hui, lorsque je pense à cette période, je trouve ma vie bien plus facile et douce.
Mais à Brighton, j'avais la liberté de faire ce que je voulais quand je le voulais. J'allais au pub, ou je me mettais à mon piano pendant des heures pour composer. Aujourd'hui, je ne peux plus me libérer que quelques fenêtres de temps pour moi dans la journée.
Vous avez vu Prince lors de sa dernière tournée, seul au piano, lorsqu'il est passé à l'Opéra de Sydney. Quel souvenir en gardez-vous ?
Sarah Blasko : Ce dont je me souviens en premier, c'est de son sens de l'humour. C'était un spectacle très drôle, plein d'énergie même s'il était seul au piano. C'est aussi le concert le plus cher auquel j'ai assisté. Je me demandais, à cause du prix, si j'allais y aller, mais comme je ne l'avais jamais vu, j'ai fait l'effort d'y aller. Aujourd'hui, je ne le regrette pas, et je suis même chanceuse d'avoir pu assister à un des ses spectacles. Ça a été inspirant pour la manière dont il abordait la scène. Il commençait les accords d'un morceau très connu, comme "Diamonds & Pearls" puis enchaînait avec une autre chanson. Il jouait vraiment avec le public. Il était bourré de talent.
La dernière question est essentiellement pour moi. Je me demandais pourquoi, pour votre album précédent, vous aviez joué en première partie de Peter Björn & John au Point Éphémère, alors que vous jouiez dans une autre salle parisienne, plus importante, trois semaines plus tard ?
Sarah Blasko : En effet, c'était au Café de la Danse. Je ne sais pas vraiment non plus. Ce sont des amis et nous avions joué ensemble dans d'autres villes. Mais je suis d'accord, que pour ma tournée, cela ne relevait pas d'une grande logique (rires).
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