J’entends déjà les commentaires : Universal et Verve surfent avec facilité sur le succès, largement mérité, d’Autour de Simone et en profitent pour s’attaquer de la même manière à l’univers si particulier, au romantisme toxique, à ce trompettiste et chanteur qui parlait à l’âme qu’était Chet Baker. Elodie Frégée, Camélia Jordana, Biolay sérieux ? Comme disait Monsieur Manatane : "tout cela est bien légitime", mais vous pouvez balayer d’un revers de la main tous vos doutes, ce disque est une véritable réussite.
Déjà parce qu’il a été réalisé de main de maître par Clément Ducol, déjà aux manettes pour Autour de Nina, avec les musiciens Cyril Atef (batterie), Christophe Minck (basse), Pierre-François Dufour (batterie / violoncelle), et au piano le fantastique Bojan Z digne descendant des pianistes ayant joué avec Baker (Russ Freeman, Dick Twardzik, Bill Evans, Michel Graillier, Alain Jean-Marie, Bobby Timmons, Harold Danko, René Urtreger...).
Ensuite parce que le casting est assez dingue, donc à Elodie frégée, Camélia Jordana, Biolay il faut ajouter Hugh Coltman et Erik Truffaz, Sandra Nkaké et Airelle Besson, Rosemary Standley et Stéphane Belmondo (rappelons son Love For Chet), José James, Alex Tassel, Charles Pasi, Yael Naïm, Piers Faccini et Luca Aquino. La liste est longue mais quatre étoiles, les titres fonctionnant sous forme de duo trompette / voix. Et comme disait l’autre : "ça poutre grave".
On y retrouve tout simplement la limpidité mélodique, la poésie qui fait le sel de la musique de Chet Baker. Il fallait des reprises loin d’être convenues, plus profondes que faciles rendant hommage à la clarté de son discours, des interprétations à la fois tendues et comme en apesanteur. Et c’est le cas. Très souvent (hormis peut-être pour "Moon & Sand" par Ibeyi et Biolay) mais peut-être plus encore pour le duo Rosemary Standley et Stéphane Belmondo sur "Let’s get Lost", pour Elodie frégée et Alex Tassel sur "But Not For me", où la chanteuse Française nous transforme en loup de Tex Avery, pour le duo intense, poignant et pénétrant de Sandra Nkaké et Airelle Besson sur "Grey December".
Airelle Besson justement se montre impériale, comme à son habitude, dans toutes ses apparitions dans ce disque. Elle y est incroyable de justesse, de rondeur de son, d’intelligence d’interprétation, preuve une nouvelle fois qu’elle est l’une des meilleures trompettistes jazz actuelles. Pourtant, la palme revient à Yael Naïm et sa fabuleuse reprise ténébreuse et bouleversante de "My Funny Valentine", reprise plus casse-gueule tu meurs, accompagnée d’un quatuor à cordes (très présent tout au long du disque, idée magistrale !).
Bref que l’on connaisse par cœur ou pas l’œuvre de Chet Baker, ce disque est tout à fait recommandable….
Le printemps, les giboulées de mars, les balades au soleil ... la vie presque parfaite s'il n'y avait pas tant de méchants qui font la guerre. Pour se détendre, cultivons nous !. Ajoutons à cela nos chaines Youtube et Twitch et la semaine sera bien remplie.