Spectacle de théâtre d'objets conçu et interprété par Matija Solce dans une mise en scène de Vida Bren Cerkvenik et Matija Solce.
La qualification de spectacle de théâtre d'objets constitue un pis-aller générique pour le "Happy Bones" du marionnettiste slovène Matija Solce tant ce spectacle s'avère composite façon patchwork qui, de surcroît, est pressenti comme polymorphique.
En effet, s'il repose sur des objets utilisés dans leur état brut, un panda en peluche devient marionnette à doigts et de vrais os, dont chaque face, voire leur assemblage, permet d'évoquer un animal différent, ainsi une omoplate devient-elle poisson, il intègre musique et bruitage à la bouche, Matija Solce est également un efficace human beat-box, et se déroule en interactivité tant avec le marionnettiste érigé en personnage qu'avec le public.
Matija Solce officie avec une imaginative économie de moyens dans un minimalisme formel roboratif pour aborder des questions métaphysiques fondamentales. La vie, la mort, l'altérité, la résurrection, tout est question de point de vue de même que l'homme n'est peut-être, lui-aussi, qu'un pantin dans la main d'un démiurge qui serait le marionnettiste ultime.
Ainsi, l'ursidé au collier de rockeur, qui se la joue "balèze" allant jusqu'à la mutinerie contre son mentor, est taraudé, à la façon hamletienne, par sa condition de "puppet" et dans leur nouvelle vie, qui renvoie à la loi de conservation de la masse, les fragments osseux tentent désespérément d'entrer en communication avec l'autre qu'il soit, ou non, congénère et même avec le spectateur.
Un beau travail basé sur l'énergie et la rapidité d'exécution d'un officiant empathique pour un spectacle qui fait la part belle à un humour, parfois noir, teinté d'absurde.
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