Travail des élèves de 2ème année sur des scènes d'Alfred de Musset, mise en scène de Sandy Ouvrier, avec James Borniche, Sonia Carvalho de Almeida, Jessica Chanliau, Louise Chevillotte, Manon Chircen, Marceau Deschamps-Segura, Charlie Fabert, Louise Guillaume, Florent Hu, Roman Jean-Elie, Hugues Jourdain, Jean-Frédéric Lemoues, Hanne Mathisen Haga, Sipan Mouradian, Morgane Real, Léa Tissier, Alexiane Torres et Sélim Zahrani.
Les spectacles présentés par Sandy Ouvrier, comédienne, metteur en scène et professeur d'interprétation au sein du CNSAD, enchantent toujours par leur acuité et par leur récurrence thématique, celle de l'exploration du couple et de l'amour et de l'impossibilité d'écrire celui-ci dans le bonheur.
De plus, ses propositions forcent l'admiration par le travail de mise en résonance des textes soit par appariement inattendu d'auteurs, tels, par exemple Sénèque et Martin Crimp, dans "Tendre et cruel, Hercule" ou Racine et Jean-Luc Lagarce dans "Tribus intimes", soit par exploration de différents opus d'un auteur, de Molière avec "Qu'en un lieu, en un jour"à Jon Fosse avec "Jamais nous ne serons séparés".
Ressortant à cette dernière, "Intérieur Jour/Extérieur Nuit", travaillé avec les élèves de deuxième année de la promotion 2017, est essentiellement consacré aux opus majeurs de Alfred de Musset, "Fantasio", "Le chandelier", "Lorenzaccio", "Les caprices de Marianne" et "On ne badine pas avec l'amour", et dispensé sous une approche transdiciplinaire afin de "questionner le théâtre en rêvant le cinéma, en chantant".
Par ailleurs, Sandy Ouvrier inscrit la partition mosaïcienne composées de "short cuts" dans l'iconographie vintage des années 1960 qui préside à la scénographie, très réussie pour les scènes chorales transitionnelles, et aux costumes aux couleurs acidulées, ses chansons pop qui évoquent le cinéma musical de Jacques Demy et des intermèdes sous influence de Pina Bausch à laquelle est également emprunté le tapis de fleurs qui, avec la neige, la pluie et les fruits, constituent les quatre saisons retraçant les fulgurances amoureuses.
Cette présentation révèle un clivage entre les gent masculine et féminine. En effet, si la première se révèle d'un bon et homogène niveau, la seconde manifeste un défaut de maîtrise des techniques de base du comédien, tant de la respiration que de la voix qui entraînent apnée et dérive vers les aïgus stridents voire le cri.
A l'exception toutefois de Hanne Mathisen Haga, qui forme avec Marceau Deschamps-Segura un excellent couple Camille-Perdican et Jessica Chanliau, convaincante Marianne, étonnemment toutes deux élèves étrangères, respectivement de Norvège et d'Ecosse, dotées d'une seule scène et qui méritent une mention spéciale.
Parmi les garçons se distinguent Romain Jean-Elie et Hugues Jourdain qui campent un excellent Fortunio, Selim Zahrani atypique Perdican et Jean-Frédéric Lemours en cardinal Cibo mais tous sont à suivre. |