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puce Monsieur de Pourceaugnac
Théâtre des Bouffes du Nord  (Paris)  juin 2016

Comédie-ballet de Molière et Lully, mise en scène Clément Hervieu-Léger, avec Erwin Aros, Clémence Boué, Cyril Costanzo, Claire Debono, Stéphane Facco, Matthieu Lécroart, Juliette Léger, Gilles Privat, Guillaume Ravoire, Daniel San Pedro, Alain Trétout, et les musiciens des Arts Florissants sous la direction de Paolo Zanzu.

Clément Hervieu-Léger présente "Monsieur de Pourceaugnac" dans sa forme originelle de comédie-ballet avec la musique de Lully et l'intégralité des intermèdes interprétés par les chanteurs et musiciens de l'Ensemble de Arts Florissants dont William Christie, son fondateur, assure la conception musicale.

Inspirée de scenari de la commedia dell'arte, la partition de Molière, qui aurait pu être sous-titrée "La folle journée de Monsieur de Pourceaugnac" ou "La curée du Limougeaud" ressort de la farce noire dès lors qu'elle va au-delà de la simple comédie pour berner un pater familias autoritaire ou un tyran domestique rongé de vices ou de travers dommageables.

En effet, Pourceaugnac est une victime innocente dont le seul tort réside en son mariage arrangé avec une "parisienne", une pécore qui a déjà un galant, et les seuls défauts, l'origine provinciale et le manque de malice selon le portrait brossé en un trait par Molière : "ses lumières sont fort petites, et son sens le plus borné du monde".

Si la cause, empêcher un mariage forcé, est légitime, les moyens utilisés vont au-delà de la simple dissuasion du père par des accusations mensongères de folie, de polygamie et de ruine de l'indésirable prétendant pour tendre à la cabale pouvant conduire ce dernier à l'asile ou à la prison, Molière évitant toutefois la fin tragique de George Dandin créé une année auparavant.

Une autre novation tient à la roublardise des jeunes amants qui ne sont plus des ingénus aidés par une domesticité compatissante mais des roués utilisant les bons offices des coquins aguerris et hommes de main sans scrupule, au premier rang desquels Sbrigani, le bien-nommé, expert en "machineries" qui donnent lieu à une successionde mascarades constituant un catalogue des thématiques moliéresques, de l'amour contrarié à la satire de la médecine et de la justice, le tout sur fond de gros sous.

Les parti-pris de Clément Hervieu-Léger aboutissent à un agrégat dont l'anachronisme surprend, voire laisse dubitatif, entre le décor de façades grises sur chassis mobiles conçu par Aurélie Maestre qui évoque l'iconographie du cinéma expressionniste du début du 20ème siècle, la transposition à la fin des années 1940 résultant des costumes et des éléments accessoires, telles la bicyclette et la voiture Simca 5 qui fait sensation, le registre de la commedia d'ell arte à la De Filippo et l'esthétique baroque de la musique du 17ème siècle.

La mise en scène est placée sous un rythme frénétique qui en fait un tourbillon soumis au mouvement perpétuel, parfois un peu trop appuyé et artificel, mais soutenue par la belle énergie collective des officiants qui contribue au divertissement en entraînant le spectateur dans une ronde endiablée.

Si les chanteurs ne sont pas tous percutants au niveau du jeu théâtral, les comédiens manifestent tous la même aisance scénique et ne se privent pas de l'aubaine, Clément Hervieu-Léger leur lâchant la bride sur le cou, pour se laisser aller au plaisir du jeu et, surtout, se livrer à quelques numéros d'acteur.

Notamment Alaint Trétout, en barbon frétillant des bras tels des battements d'ailes d'une poule qu iva pondre son oeuf, Clémence Boué en paysanne gasconne avec son panier de poireaux qui finissent par voler dans la salle, Stéphane Facco travesti en bellissima ragazza (se substituant à la fausse épouse picarde) et Daniel San Pedro campant Sbrigani déguisé en inattendu toréador, là encore innovation comme pour les gendarmes remplacés par des miliciens gestapistes dans une scène dispensable.

Les fieffés tourtereaux sont bien campés par Guillaume Ravoire en zazou malfrat et Juliette Léger en donzelle prête à tout même à camper une gourgandine. Et, dans le rôle-titre, Gilles Privat s'avère époustouflant en naïf lunaire, saisi de vertige dans un monde cauchemardesque, qui finira dépouillé de tout, de son identité et de son amour propre, délesté de de son argent et même de ses vêtements, par de bien vilaines gens.

 

MM         
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# 21 avril 2024 : Des beaux disques, des beaux spectacles, une belle semaine

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Du côté de la musique :

"Génération (tome 1)" de Ambre
"Out" de Fishtalk
"Take a look at the sea" de Fontanarosa
"Venus rising" de Trio SR9 & Kyrie Kristmanson
"Perpétuel" de Vesperine
"Liminal status" de Watertank
"The great calm" de Whispering Sons
"Keep it simple" de Yann Jankielewicz , Josh Dion & Jason Lindner
Quelques nouveautés en clips avec Isolation, Resto Basket, Greyborn, Bad Juice, Last Temptation, One Rusty Band, We Hate You Please Die
nouvel épisode du Morceau Caché, consacré à Portishead
et toujours :
"Kit de survie en milieu hostile" de Betrand Betsch

"Let the monster fall" de Thomas de Pourquery
"Etat sauvage" de Chaton Laveur
"Embers of protest" de Burning Heads
"Sin miedo" de Chu Chi Cha
"Louis Beydts : Mélodies & songs" de Cyrille Dubois & Tristan Raës
"Arnold Schönberg : Pierrot lunaire" de Jessica Martin Maresco, Ensemble Op.Cit & Guillaume Bourgogne
"C'est pas Blanche-neige ni Cendrillon" de Madame Robert
"Brothers and sisters" de Michelle David & True Tones
"Prokofiev" de Nikita Mndoyants
"Alas" de Patrick Langot, Alexis Cardenas, Orchestre de Lutetia & Alejandro Sandler
"Symptom of decline" de The Black Enderkid
"Tigers blood" de Waxahatchee
"Not good enough" de Wizard

Au théâtre :

les nouveautés :

"Sonate d'automne" au Théâtre Studio Hébertot
"Frida" au Théâtre de la Manufacture des Abbesses

"Preuve d'amour" au Théâtre du Guichet Montparnasse
"Après les ruines" au théâtre La Comète de Chalons En Champagne
"Objets inanimés, avez-vous donc une âme ?" au Théâtre du Guichet Montparnasse
"Royan, la professeure de français" au Théâtre de Paris
Notes de départs" au Théâtre Poche Montparnasse
"Les chatouilles" au Théâtre de l'Atelier
"Tant que nos coeurs flamboient" au Théâtre Essaïon
et toujours :
"Come Bach" au Théâtre Le Lucernaire
"Enfance" au Théâtre Poche Montparnasse
"Lîle des esclaves" au Théâtre Le Lucernaire
"La forme des choses" au Théâtre La Flèche
"Partie" au Théâtre Silvia Monfort
"Punk.e.s" Au Théâtre La Scala
"Hedwig and the angry inch" au théâtre La Scala
"Je voudrais pas crever avant d'avoir connu" au Théâtre Essaïon
"Les crabes" au Théâtre La Scala
"Gosse de riche" au Théâtre Athénée Louis Jouvet
"L'abolition des privilèges" au Théâtre 13
"Lisbeth's" au Théâtre de la Manufacture des Abbesses
des reprises :
"Macbeth" au Théâtre Essaion
"Le chef d'oeuvre inconnu" au Théâtre Essaion
"Darius" au Théâtre Le Lucernaire
"Rimbaud cavalcades" au Théâtre Essaion
"La peur" au Théâtre La Scala

Une exposition à la Halle Saint Pierre : "L'esprit Singulier"

Du cinéma avec :

"Le déserteur" de Dani Rosenberg
"Marilu" de Sandrine Dumas
"Que notre joie demeure" de Cheyenne-Marie Carron
zt toujours :
"Amal" de Jawad Rhalib
"L'île" de Damien Manivel
"Le naméssime" de Xavier Bélony Mussel
"Yurt" de Nehir Tuna
"Le squelette de Madame Morales" de Rogelio A. Gonzalez

Lecture avec :

"Hervé le Corre, mélancolie révolutionnaire" de Yvan Robin
"Dans le battant des lames"' de Vincent Constantin
"L'heure du retour" de Christopher M. Wood
"Prendre son souffle" de Geneviève Jannelle
et toujours :
"L'origine des larmes" de Jean-Paul Dubois
"Mort d'un libraire" de Alice Slater
"Mykonos" de Olga Duhamel-Noyer
"Des gens drôles" de Lucile Commeaux, Adrien Dénouette, Quentin Mével, Guillaume Orignac & Théo Ribeton
"L'empire britanique en guerre" de Benoît Rondeau
"La république des imposteurs" de Eric Branca
"L'absence selon Camille" de Benjamin Fogel
"Sub Pop, des losers à la conquête du monde" de Jonathan Lopez
"Au nord de la frontière" de R.J. Ellory
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