Monologue tragicomique écrit et mis en scène par Sophie Mourousi et interprété par Mathilde Lecarpentier.
Aux manettes de "Rien de prévu", deux complices qui partagent un solide compagnonnage théâtral, Sophie Mourousi, à la conception et à la mise en scène, et Mathilde Lecarpentier, au jeu, proposent une immersion pathético-jubilatoire dans la vacuité et la souffrance existentielles caractéristiques des jeunes générations.
L'opus ressort à la pantomime, virant souvent au clownesque, dont la partition textuelle, dépourvue de toute dramaturgie intrinsèque, s'avère extrêmement réduite.
Constituée d'un collage de borborygmes, onomatopées et, essentiellement, de répliques de films des années 1960 faisant le grand écart stylistique entre l'inquiétude (méta)physique de Brigitte Bardot dans "Le Mépris" de Jean-Luc Godard, les dialogues audardiens du films-culte "Les Tontons flingueurs" de Georges Lautner et la tirade de Gérard Depardieu dans "Tenue de soirée" de Bertrand Blier, elle retrace le flux de pensée erratique émergeant du magma mental d'une jeune femme en état d'apesanteur cérébrale.
Dans un espace-temps inoccupé, entre apathie, agigation désordonnée, voire hystérique, et bouffés délirantes, un personnage non historicisé est confronté au désoeuvrement, ce que la phénoménologie psychiatrique nomme "la temporalité vide" et que l'auteure qualifie de "voyage au bout de l'ennui".
Sophie Mourousi parvient à concrétiser cet état de conscience proche de la dépressivité et, sur le fil du rasoir, investissant à la manière d'un Speedy Gonzales tous les lieux du théâtre hors scène où est installé le public, pour trouver un sens à ce temps à tuer, Mathilde Lecarpentier lui donne corps et convainc en réussissant ce bel exercice performatif. |