Une release party chaotique mais un instant pittoresque et précieux
Ce soir, ce n’était pas "Paris sous la Neige", mais Bagnolet sous le déluge. Une soirée en 4 temps dans la verdure du parc du Château de Bagnolet :
- Premier temps : un show-case de 4 titres et surtout la première occasion pour moi d’écouter en live le sublime "Enchanteur" ; je vous en reparlerai dans quelques lignes et dont la vidéo illustrait ma première chronique.
- Deuxième temps : un concert d’Alone and Me, la "One Woman Rock Band" qui chasse sur des territoires musicaux voisins de ceux de la mondAine. Epoustouflante classe de cette jeune femme qui jusqu’au bout aura tenté de repousser l’orage !
- Troisième temps : Un déluge qui noie la scène et conduit à l’annulation du concert électrique tandis que les spectateurs trouvent refuge dans les murs du château.
- Quatrième temps : au sortir du château, regrouper les spectateurs et leur offrir un instant de rock magique quoiqu’improbable.
Puisque selon l’adage, le show doit continuer, il continuera sous la tente qui abrite la buvette. Tels des pionniers trempés, les mondAinistes l’entourent pour découvrir ce qui rend Béatrice MondAine si précieuse. Avant que de donner naissance à Paris Désert, elle a donné la vie à Dune_Billie il y a cinq semaines. Dune_Billie, que l’on découvre agrippée au blason de sa mère, alors que cette dernière entame un parfait "Paris sous la Neige", Mystic Gordon l’accompagnant de sa guitare acoustique. Dune_Billie qui rejoindra un environnement plus calme dès le second titre, mais Dune_Billie dont on est ravi d’avoir fait la connaissance en repensant à la dernière session de "Hair" où Béatrice mondAine irradiait, forte de ses sept mois et demi de grossesse.
La suite, une dizaine de morceaux se passe sur un nuage, gourmand cocktail de rock acoustique, d’odeur de barbecue et de bière ; et le sourire sur tous les visages. Des classiques du groupe, une reprise de Piaf, une de P.J Harvey, le grand écart pourrait-on croire, mais l’art du groupe rend le tout homogène. Un fantôme de Woodstock traverse le parc.
Paris Désert : renouvellement et prise de risque autour d’un des sommets du groupe : l’enchanteur
Difficile de succéder à Aether, le groupe par lequel je suis devenu mondAiniste et totalement accro au groupe. En rock français, il n’y a que Noir Désir qui m’ait autant impressionné. Aether est le disque rock de 2014. Première surprise à l’examen de la pochette : seulement deux titres en français contre trois en anglais alors que l’audace de ses textes est une des forces du groupe.
"Colonel" ouvre le disque. On y retrouve le groupe tel qu’en Aether : un titre fiévreux, un titre rugueux qui donne envie de danser, mais un titre qu’on aurait pu trouver sur Aether sans qu’il fasse partie des tous meilleurs. Juste un très bon morceau de rock’n’roll.
Avec "Enchanteur", on passe dans une toute autre dimension. Ce titre sonne comme une évidence, un classique d’emblée. Un titre qui surpasse mêmes les pourtant exceptionnels "Garde-Fou" et "Jour Blanc". Riff de guitare sauvage, rythmique d’enfer et sans doute le texte le plus fort du groupe. Femme sauvage, femme libre autant que mère protectrice Béatrice demi mondAine délivre des phrases telles que "Déshonore-moi puisque je te le demande, fais de moi ta victime, enlisons-nous dans les délices irraisonnées pour la saison… Prostitue-moi puisque je te le demande je suis l’antre dont tu viens". Dans la bouche de Béatrice, ces mots crus sonnent ode à l’amour. Des propos qui pourraient heurter un enfant de 68… mais paradoxalement je ne le suis à aucun moment !
Autant de plaisir à écouter Demi mondAine qu’à lire Despentes. Deux femmes d’aujourd’hui !
Suivent trois titres en anglais :
- "Like I Breathe" : doux et enveloppant, le titre le plus commercial du disque avec une pointe de reggae, Béatrice réussit avec habileté l’exercice de la balade.
- "Opium" : le cocktail très réussi d’un titre presque Hardcore (on pense à Husker Dü ou Sugar) avant que de basculer dans un très bordélique hymne punk. Imaginer d’avance le plaisir qu’on aura à pogoter en salle sur les chœurs de ce morceau. De quoi décoiffer Marie Destouet !
- "Junk Kiss" : un doigt de country, un soupçon de rockabilly pour ce titre punkisant qui conclue l’EP de façon euphorisante.
Pas prêt de lâcher les parcours de Demi mondAine pour ma part. Si vous ne la connaissez pas encore et que juillet vous conduit en Avignon, foncez. Les Demi mondAine sont adorables… on peut même les nourrir après minuit.
Demi MondAine : "Paris Désert", enchanteresse dans le Chaos
Du 6 au 30 juillet, Demi MondAine se produira au Globe Circus dans le cadre du festival Off d’Avignon.
Elle y présentera chaque soir 3 spectacles : sa réinterprétation très Rock’n’roll de Hair (récemment vue à Mains d’œuvres) ; un show de The Colour Book (groupe fondé avec Dimi Dero d’après l’œuvre de Berni Wrighston, géant des comics Books fantastiques des années 70 / 80) ; un concert de Demi-MondAine. L’occasion pour les estivants de se faire mondAinistes, terme créé pour cette chronique, tant les liens entre le groupe et ses amateurs me paraissent ténus.
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