Bjorn Berge n'est pas comme vous et moi. Non. Ce type a quelque chose de plus.
D'abord, quand vous le voyez arriver sur scène vous espérez qu'il est de bon poil, vu que le gaillard est immense et bâti comme une locomotive.
Je ne sais pas ce que Berge - prononcez bèregué - mange le matin ou boit le soir mais je veux la même chose.
Il n'y a pas que ça. Quand ce gaillard norvégien empoigne sa Takamine 12 cordes, le son emplit immédiatement l'espace et là il se passe quelque chose de carrément magique. Le mot est lâché. Magique.
Les bonnes fées ont dû se pencher sur le berceau du petit Berge et quand on réalise l'immensité du talent, on se dit qu'elles y ont mis le paquet. Bjorn Berge, un bottle neck sur l'auriculaire, ne se contente pas de slider son blues sur les douze cordes, façon Ry Cooder, trop facile ! Bjorn joue les notes et slide en même temps, avec une virtuosité absolument inouïe.
De temps en temps, le public frôle l'extase, culmine dans le bonheur, éberlué par ce talent à fleur de peau. Cerise sur le gâteau, comme nombre de pur talent, Bjorn n'a pas d'ego, il passe avec aisance de la douze et fait pleurer sa six cordes électrique avec la même désinvolture, sourire aux lèvres.
A la fin du set - triomphal - j'ai voulu en avoir le coeur net.
J'ai pris mon courage à deux mains mon cousin et je suis allé affronter le norvégien backstage. "Toi, tu as un secret. Je suis sûr que tu as plus de cinq doigts à chaque main !" Bjorn s'est exécuté, penaud et a compté les doigts de sa main gauche.
En relevant la tête il a éclaté de son énorme rire qui résonnera encore longtemps dans les murs du Vauban. Jusqu'à ce qu'il nous revienne.
 Rarement un putain de concert aura autant mérité ce gage de qualité. Je le dis et je le redis donc. Putain de concert !
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