Samedi. Dernier jour pour le Fnac Live 2016 qui s'est illustré cette année par des mesures de sécurité draconiennes mais une fréquentation toujours élevée.
Le franco-libanais Bachar Mar-Khalifé est le frère de Rami Khalifé du duo Aufgang. Multi-instrumentiste, il a été formé au conservatoire de Paris d'abord comme pianiste, puis aux percussions. Après avoir travaillé l'Orchestre National de France, puis l'Ensemble Intercomptemporain, il se tourne vers le jazz, puis la techno.
Son troisième album solo, Ya Ballad, se compose de merveilleuses ballades aux couleurs orientales, teintées de production technoïde.
En trio sur scène, son set est intelligemment mené tout en faisant la part belle à l'émotion. Ceci ne l’empêche pas de terminer ce trop court concert avec un morceau aux rythmique soutenues. "On est en état d'urgence, mais on peut encore danser."
Les cinq normands de La Maison Tellier ne sont jamais aussi bons qu'en live. Leur dernier album Avalanche restait dans la veine des précédents, et peinait néanmoins à convaincre totalement. "Cinq est le numéro parfait", "Garçon manqué" ou "Amazone" trouvent un nouveau souffle en live. On a aussi plaisir à entendre "Sur un volcan", extrait du précédent album du groupe, Beauté pour tous. Toujours efficace, leur folk-blues en français rencontre un succès mérité. La Maison Tellier est actuellement en réparation d'un EP de reprises en duo, sur lequel devrait figurer un titre avec Rover.
Les allemands de Get Well Soon, vus au festival Beauregard quelques semaines avant, ont dans leur album Love des chansons à la fois suffisamment sophistiquées et dynamiques pour que le public parisien du Fnac Live, même s'il ne les connaît pas encore, puisse accrocher rapidement.
Il y a d'abord la voix de Konstantin Gropper, mais visuellement toute l'énergie qu'il déploie au service de ses chansons, sur "Marienbad" par exemple, en se déhanchant sur sa guitare ou en tapant comme un damné sur ses fûts.
Les techniciens, aux caméras et en régie, font un excellent travail qui retranscrit vraiment l'énergie du groupe. En fin de concert, Konstantin Gropper, toujours pieds nus dans des richelieu marrons. demande au public. "You ready to disco ?" Le guitariste troque son instrument pour une trompette pour le très dansant "Young Count Falls For Nurses". Avant d’interpréter "It's a fog" en dernier morceau, il s'exprime une dernière fois : "We are Get Well Soon. Keep that in mind. Or not. It's up to you". Pourtant, ceux qui étaient là se souviendront de ce concert qui fut l'un des meilleurs du festival.
La soul de la diva londonnienne Lianne La Havas accompagne le coucher de soleil sur la capitale. On imagine bien son tube "Unstoppable" en ouverture d'un James Bond à cause de ses accents à la Shirley Bassey. Son concert s'articule autour de chansons de son second album Blood, sorti à la fin de l'année dernière. Mais c'est difficile pour elle de s'imposer alors que la foule semble attendre Balthazar et Louise Attaque. Elle assure néanmoins son tour de chant, sourit énormément, semble sincèrement heureuse de jouer à Paris, même si on sent un peu de flottement dans la foule massée devant la grande scène.
C'est ensuite Balthazar qui entre en scène. Pas le roi-mage en Galilée que chantait Sheila, mais le groupe belge. Formés en 2004, ils parcourent l'Europe avec leur pop rock poétique. C'est cette vie sur les routes qui est à l'origine des textes de leur troisième album, Thin Walls, sorti en 2015.
Etrangement, l'attente du public est énorme. "Then What", "I'll stay there", "Leipzig", "Bunker", les tubes sont bien présents dans la setlist. Les voix de Jinte Deprez et Maarteen Devoldere se complètent merveilleusement bien. Au violon, qu'elle utilise parfois comme un ukulélé, Patricia Vanneste est l'atout charme du groupe. Le concert est tendu et puissant.
Plusieurs fois, Jinte Deprez s'adresse en français au public, mais le français plus qu'approximatif du flamand résonne bizarrement lorsqu'il demande "Comment allez-vous, festival Fnac ?".
On ne comprend pas le choix des techniciens qui utilisent un noir et blanc peu avantageux pour filmer le groupe, les contrastes trop élevés donnent l'impression que les cinq membres de Balthazar ont été frappés au visage avant de monter sur scène. Balthazar rejoint Get Well Soon sur le podium des tous meilleurs concerts du festival. En septembre, l'un des deux chanteurs du groupe, Maarteen Devoldere sortira un album solo sous le nom de Warhaus. On vous en reparle bientôt.
Pour clôturer cette édition 2016, les Louise Attaque enchaînent les hits qui ont jalonné leur carrière. De "Léa" en passant par "Les soirées parisiennes", Louise Attaque a sorti l'artillerie lourde. Et ce n'est pas uniquement parce qu'un des singles du nouvel album s'intitule Du grand banditisme qu'on peut se permettre ce genre de jeu de mot. Ils ouvrent avec "Mon invitation". Le public est retourné. Gaëtan Roussel a, contrairement à il y a quelques semaines, retrouvé sa voix. En avant-dernier titre, "J't'emmène au vent" fait littéralement chavirer le public. Certes, le concert de Louise Attaque a été sans surprise, mais parfaitement rodé il se révèle parfaitement efficace.
Nous souhaitons féliciter toute l'organisation du festival qui semble avoir dû faire face, en raison de l'état d'urgence et des mesures de sécurité renforcées, à des difficultés nouvelles. Tout s'est bien déroulé, et ce fut l'occasion de belles découvertes. |