Réalisé par Charles Binamé. Canada. Drame. 1h40 (Sortie le 3 août 2016). Avec Bruce Greenwood, Xavier Dolan, Catherine Keener, Carrie-Anne Moss, Colm Feore, Matt Holland et Alison Louder.
La relation entre médecin et patient, et plus particulièrement dans le domaine psychiatrique, constitue un thème classique - et généralement efficace - aux infinies variantes pour élaborer un thriller psychologique notamment dans le cadre d'un huis-clos pervers ou pour le moins ambigu.
Sa déclinaison dans "La chanson de l'éléphant" rate la cible et ne convainc guère par les faiblesses et invraisemblances, du scénario - la mauvaise bonne idée étant sans doute d'avoir confié l'adaptation de la pièce éponyme à son auteur, Nicolas Billon, qui méconnaît les fondamentaux filmiques.
En sus, la médiocre facture de la réalisation de Charles Biname sacrifie à l'anecdotisme, notamment formel avec la photo vintage pour situer l'action dans les années 1960, et la propension à l'illustration, avec les inserts de double flash-backs, non seulement désamorce tout suspense mais fait double emploi avec le jeu des acteurs, voire leurs propos.
Une enquête interne est déclenchée dans une institution psychiatrique fermée car un thérapeute parti précipitamment en fin de matinée manque à l'appel le matin suivant. Et la première idée (saugrenue) est de croire en sa disparition et même son meurtre dont est suspecté le jeune homme qui était son dernier patient du matin.
Elle est diligentée par le directeur de l'établissement, un psychiatre incompétent, incompétence qu'il reconnaît lui-même (sic), et n'exerçant plus, par ailleurs irresponsable dès lors qu'il siège à la commission qui statue sur la levée de l’hospitalisation alors qu'il ne connaît ni le nom ni les troubles des internés (sic).
De plus, le monsieur montre un profil psychologique de lymphatique dépressif, d'émotif hypersensible saisi par l'empathie et la compassion, de surcroît douloureux qui déplore son second mariage avec une bipolaire et ne se remet pas de la mort de l'enfant qu'il a eu avec sa première épouse, infirmière dans l'institution (sic), elle aussi n'ayant pas fait son deuil, qui le prévient que le suspect est un dangereux manipulateur tout en ayant un comportement presque maternel avec ce dernier (sic).
Autant dire, et ce sans être grand clerc, que son compte est bon et le spectateur attend sans excitation le dénouement nonobstant le comportement étrange de ces deux protagonistes - campés par Bruce Greenwood et Catherine Keener, tous deux parfaits dans le registre mélodramatique - pour lui signifier, et de manière appuyée, une atmosphère de noirs mystères.
Quant à Xavier Dolan, comme son personnage à la noirceur lumineuse, il les éclipse et réussit une incarnation magistrale du "fou pervers", enfant abîmé, vulnérable, fragile, que l'intelligence ne prémunit pas contre le traumatisme et l'impossible résilience, à la détermination farouche et, sans déflorer le dénouement, et qui n'est pas épargné par sa propre dangerosité. |