Réalisé par Rúnar Rúnarsson. Islande/Danemark/Croatie. Comédie dramatique. 1h29 (Sortie le 13 juillet 2016). Avec Atli Oskar Fjalarsson, Ingvar Eggert Sigurðsson, Nanna Kristín Magnúsdóttir, Rade Serbedzija, Kristbjörg Kjeld, Pálmi Gestsson, Arnoddur Magnus Danks, Katla M. Þorgeirsdóttir et Rakel Björk Björnsdóttir.
Après une existence privilégiée à la capitale, Ari, dont la présence ne colle plus avec les projets de sa mère divorcée et remariée à un étranger (un Danois, !) en partance pour l'Afrique, fait l'objet d'un retour expéditif à son géniteur.
Le chant séraphique du prologue, l'adolescent oeuvrant comme soliste dans une chorale professionnelle, sera son chant du cygne. "Sparrows" retrace un adieu soudain et violent à l'enfance et la fin radicale d'une brève adolescence, âge de tous les possibles que le déterminisme social, sinon l'atavisme, dépouille de toutes ses illusions en annonçant un avenir sans rêve et sans horizon autre que l'usine de poissons et les beuveries.
Car si l'Islande, à peine plus grande que le Portugal, fait rêver comme destination touristique, nonobstant une température maximale qui ne dépasse pas 13 degrés, y vivre au quotidien dans les villages côtiers des Westfjords n'est guère idyllique, même pour les autochtones, sauf, peut-être pour les intellectuels contemplatifs ou les infatigables trekkeurs.
Et Ari revient au pays natal, un désert culturel, sans équipement autre qu'une piscine et la télévision, et un désert affectif auprès d'un père taiseux et frustre, homme douloureux qui ne s'est pas remis du divorce, père démissionnaire qui a rompu le lien filial, et artisan-pêcheur que les revers financiers ont ruiné et converti au salariat et à l'alcool, figure dévalorisante de "poivrot" et de "minable" dont le fils a honte.
Le paysage céleste entre ciel et terre, baigné de nappes musicales éthérées à la Sigur Ros, composées par Kjartan Sveinsson, pianiste transfuge du groupe, renforce la médiocrité désespérante régissant ce microcosme autarcique qui constitue la seule référence pour les jeunes désoeuvrés déjà minés par l'ennui.
Introverti, stoïque, peut-être déjà résigné, Ari subit en sachant qu'il n'y a ni échappatoire, du moins pour le moment, ni alternative même s'il parvient à se ménager de petits moments pour se rassembler. Il lui faudra sans doute une grand force d'âme pour ne pas sombrer et avoir l'énergie suffisante pour se forger sa propre vie, ailleurs.
A l'actif de Rúnar Rúnarsson, une belle direction d'acteur avec Ingvar Eggert Sigurdsson (le père), Kristbjörg Kjeld (la grand-mère) et surtout le jeune acteur Atli Oskar Fjalarsson qui possède encore cette émouvante beauté d'un visage d'enfant sur un corps grandi trop vite et incarne subtilement l'isolement et la détresse existentielle.
Avec le travail émérite de Sophia Olsson pour la photographie en super 16, il livre, sur fond de peinture sociale de son pays, un excellent opus dans lequel la parole est rare, le rythme lent à l'instar des jours d'été nordiques sans nuit et l'émotion, toujours présente et traitée sans mièvrerie, submerge. |