Une sortie étrange ? Qu’est-ce qui commence à ressembler plus à un disque des Thee Oh Sees qu’un disque des Thee Oh Sees ? C’est le problème avec des musiciens prolixe (mais alors très très prolixe) comme John Dwyer à la facilité d’écriture évidente, c’est d’être parfois incapable de faire un tri dans leurs compositions et de pouvoir réellement soigner toutes les chansons.
Alors certes le californien maîtrise sur le bout des doigts le garage-psyché mâtiné de pop et de riffs bien heavy et sulfureux mais cela commence sérieusement à sentir la routine. Oserions-nous poser la question du dernier véritable excellent album du groupe ? Pourtant, il est un impossible de nier l’importance de John Dwyer sur la scène rock de San Francisco et plus largement mondiale, sur sa capacité à toujours essayer de se renouveler même parfois imperceptiblement.
Au fil des années, des albums et des concerts la configuration du groupe a changé, parfois radicalement comme en 2013, comme son nom, passant d’OCS à The Ohsees. Aujourd’hui, c’est avec deux batteurs : Ryan Moutinho et Dan Rincon et avec le bassiste Tim Hellman (Ty Segall, Sic Alps) que l’on retrouve Dwyer. Nouvelle formation, que l’on retrouvait déjà sur le phénoménal Live In San Francisco, comme un nouveau départ.
Comme on peut en douter, l’accent est mis notamment sur la rythmique. Pourtant, on reste un peu sur notre faim. Deux batteurs, c’est certes plus de puissance, particulièrement hypnotique, mais on ne sort pas des clous. Ici, point ou très peu de réelle polyrythmie transcendante, les accents d’appuis coïncidents souvent entre eux, pas de trois pour deux, etc.
A l’image de la pochette, il plane sur ce A Weird Exits une atmosphère plus instrumentale, plus étrange, plus viciée et lysergique. Thee Oh Sees continue de creuser le sillon Krautrock déjà présent dans Mutilator Defeated At Last sorti l’année dernière et l’utilisation plus importante des synthés n’étonneront personne. Cela se ressent dans des titres comme l’excellent "Jammed Entrance", "Plastic Plant" ou le planant "Crawl Out Into The Fall Out, peutêtre le meilleur titre du disque. Et puis il y a "The Axis", clin d’œil à Jimi Hendrix, figure que l’on retrouve en filigrane tout au long de ce A Weird Exits, aussi bien dans le travail autour de la guitare (solos…), de la rythmique, du travail du son en studio, via la reprise de Solo Organ (Douglas Katelus) de son titre "Bold As Love".
Ne vous inquiétez pas, pour ceux qui auraient encore des doutes, ça tabasse toujours autant ("Ticklish Warrior" en forme de rouleau compresseur, "Dead Man’s Gun", le dantesque "Gelatinous Cube") et le format assez court, 8 titres, ne laisse aucun répit. Et si Thee Oh Sees venait de sortir leur meilleur album depuis très longtemps ?
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