La deuxième journée du Festival Rock en Seine s'ouvre avec l'éclectique trio italien Joycut. Ce trio venu de Bologne n'est pas nouveau en France, et après leur tournée mondiale (Asie, Europe, Etats-Unis) et leur présence assidue en France (Festival Chorus, MaMA Festival, Trans Musicales de Rennes) arrive à Rock en Seine.
Deux batteurs et un claviériste, qui partis du post-rock se sont dirigés vers une électro / synth-wave donnent, toute leur énergie sur scène. Le public venu nombreux apprécie et on en profite pour faire une petite pause / verre dans l'espace VIP pour parler avec leur manager qui nous confie l'enregistrement en cours de leur prochain album.
Il est temps maintenant de faire bouger toute la grande scène avec du rock dur et lourd, on se déplace pour voir les Australiens Wolfmother qui mélangent le hard rock avec le garage et le blues plus psyché. Le groupe qui a complètement changé depuis leur formation en 2003, est aujourd'hui stable, le chanteur et guitariste Andrew Stockdale à la tête du groupe est le seul membre d'origine. Il enflamme le public en se lançant dans un super stage diving après leur célèbre succès "Woman". Avec son gilet sans manche très ajusté et sa coupe à la Jimi Hendrix, il nous transporte dans l'univers des mytiques années 70's.
La canicule, fidèle compagnon de cette édition de Rock en Seine, nous oblige à faire une petite pause à l'ombre avant de repartir vers Tim Dup. La petite scène Ile-de-France n'a jamais eu autant de public que pour ce musicien émergent de 21 ans divisé entre la chanson sociale et la poésie au piano.
Une petite incursion aux Papooz, les Kings of Convenience parisiens qui nous sauvent de la chaleur avec une attitude très fraîche, une pop estivale et douce colorée par des rythmes bossa.
On se déplace en suite pour un des groupes favoris de la soirée : La Femme. Un public très hype qui connaît par coeur leurs morceaux et avec lequel le chanteur blague beaucoup en lui dédiant chaque chanson. On est proche du punk dans la tenue vestimentaire avec des cheveux multicolores, des boucles d'oreilles en or géantes, des pantalons pattes d'eph (là peut-être plutôt 70's !) et des bottines. On est dans une ambiance electro pop qui fonce sur un rock plus léger, le temps de quelques morceaux plus anciens. Le chanteur nous annonce une petite surprise : un nouvel album va sortir un septembre. Il nous offre un des morceaux qui s'intitule "Mycose". La scène devient alors un grand dancefloor où tout le monde s'amuse.
Les festivals, c'est un peu comme les amours de notre vie, il faut faire des choix compliqués. On est divisé entre le punk culte du féminisme Riot Grrrl des années 90's, les L7 et le groupe qui nous fait fondre avec leurs mélodies glaciales qui viennent d'Islande, les Sigur Rós.
La décision est prise : on jette un oeil vers les dames du punk - on trouve qu'elles ont bien vieilli toujours avec leurs robes courtes et leur audace grunge - et on revient à la Scène de la Cascade pour avoir une bonne place pour Sigur Rós. Et une vingtaine de minutes après que La Femme ait terminé son concert, le public se transforme en une immense foule au bout de laquelle il est presque impossible de voir la scène.
Nous ne sommes pas déçus : on est ravis de voir sur scène le spectacle son et lumière qui illumine la nuit comme des feux d'artifice surréalistes s'élevant vers le ciel comme des étoiles filantes. Les couleurs primaires s'alternent et la voix de Jonsi nous parvient pure, puissante, délicate, précise comme si elle n'appartenait pas à un être humain.
Ils ouvrent leur concert avec "Óveður" et l'islandais se mêle au vonlenska (ndlr : hopelandic en anglais), un pseudo langage créé par Jonsi, qui correspond à une suite de sons sans signification précise, fait pour utiliser la voix comme instrument. Avec son fidèle archet de violoncelle à la main, Jonsi crée des distorsions qui rythment parfaitement les lumières de la scène. Le colorama et une batterie hyper puissante éclatent au moment le plus magique de la soirée, avec d'anciens morceaux comme "Ný Batterí", "Sæglópur" et "Glósóli". On ne veut pas quitter notre place quand bien même les membres du groupe remercient le public qui n'arrête pas de taper et d'applaudir.
Mais il nous reste encore du temps pour les lumières et la musique, cette fois ci de Massive Attack qui, depuis 25 ans, continuent encore à hypnotiser les nombreux spectateurs tous réunis devant la grande scène en cette fin de journée.
On voit des gens dormir dans le pré, des petits enfants super heureux avec de gros casques, presque plus gros que leur tête, des ados avec quelques bières de trop, mais on voit partout des sourires. La grande question que l'on voit illuminée avec des led violets sur la scène peut être également une réponse à cette journée et à notre époque : "A quoi servent les émotions ?". |