Deuxième journée de festival et grosses têtes d'affiche au programme.
Terminés les mini-concerts variés et expérimentaux, cette soirée se veut plus ouverte avec la pop 60's des espagnols de The Sunday Drivers, le rock terriblement envoutant de Mercury Rev et bien évidemment la tête d'affiche du festival, les Sonic Youth au grand complet pour un medley de toutes leurs époques. Une des découvertes de l'année, Nosfell, s'occupant quand à lui du forum de la Passerelle.
Premiers sur la grande scène, les Sunday Drivers , découverts aux dernières Transmusicales de Rennes et auteurs de l'excellent Little Heart Attacks, délivrent une pop parfaite, revisitant les années 60 entre Beatles et Beach Boys. Le public est aux anges devant l'équipe de barbus et l'intro de leur tube On my mind. Les musiciens semblent se régaler et quittent la scène sur leur habituel 'Kenavo'.
Changement de programme avec l'arrivée sur scène de Jonathan Donahue et ses musiciens, arborant tous un immense sourire, heureux semble-t-il, de jouer dans la fraîcheur de Saint Brieuc. Point de surprises dans le concert : le leader guide son orchestre tel un maestro, dépeint les histoires de ses chansons avec de grands gestes et roucoule face au public. C'est rock, c'est symphonique, les moments lents sont réhaussés par des envolées lyriques. Il manque peut être un petit quelque chose pour parfaire le spectacle mais Donahue parvient à tout faire oublier par ses mimiques et sa classe sur scène.
Sonic Youth à Saint Brieuc… J’en connais un bon nombre, majoritairement des anciens potes de lycée perdus de vue, qui auraient tué père et mère pour voir ça il y a dix ans… Mais bon à l’époque, faute de pouvoir aller voir Thurston Moore et ses sbires en concert, on fantasmait sur la mythique vidéo 1991, The Year Punk Broke. La jeunesse sonique débarque à 21 heures 50 précises sur la scène, après une intro noisy du meilleur effet… Le groupe démarre piano, avec des compositions issues de Murray Street et de Nurse, avec un Pattern Recognition de haute volée. Le public est aux anges, ça pogote sec aux premiers rangs mais on a vu d’autres… Entre deux morceaux, Thurston Moore remarque une mandoline brandie par un fan ( ?????). Il s’empare de l’instrument, le branche sur son ampli, s’agenouille devant Kim Gordon et fait sortir un accord sursaturé. Le public est conquis. Finis et pardonnés les dérapages conceptuels de la veille… La suite sera un enchaînement des « tubes » du groupe qui ressort l’inusable et efficace Skip Tracer circa Washing Machine, sans oublier deux compositions vénéneuses de Sister, dont ce tonitruant Schizophrenia qui se terminera dans un maelström d’accords saturés. On ne peut s’empêcher de se demander comment des gens qui ont quasiment l’âge de nos parents (enfin des miens, Kim Gordon a trois ans de moins que ma mère !!!!!) peuvent encore jouer aux ados attardés en triturant leurs guitares sans être ridicules…
Thurston Moore arpente toujours les échafaudages avec autant d’aplomb, comme il le faisait il y dix ans, Kim Gordon est toujours aussi sexy et son jeu de basse est toujours aussi félin et tendu. Seuls les cheveux blancs de Lee Ranaldo nous rappellent que le temps a passé. Le rappel sera expédié avec fougue et violence. Le public braille avec Kim sur le refrain de Drunken Butterfly « I love you, I love you, what’s your name ». Puis suivra l’imparable Teenage Riot qui se terminera bien entendu dans un joyeux bordel sonique. Encore une fois les guitares en prennent pour leur grade, deviennent des instruments de percussion, des aspirateurs, des espaces de rangement pour tourne-vis ou autres baguettes de batterie. Thurston Moore s’approche du public, offre sa guitare aux premiers rangs. Puis il se ravise, revient vers Ranaldo qui bricole ses pédales multi effets. Ils se regardent et croisent le fer .Ils font les imbéciles, s’amusent et ça fait plaisir à voir. Bon on est pas dupe, ça fait partie du mythe, du folklore … Les rangs se dispersent. Je pense à Thomas Boulard, le leader de Luke, et je me dis qu’en ce moment, je ne voudrais être à sa place pour rien au monde… Bonne chance, vieux…
Pendant ce temps, Nosfell se bat contre sa sinusite au forum et parvient à surmonter la maladie sans pour autant en donner autant que dans ses précédents concerts. Toujours est-il que le personnage continue à raconter les chroniques de son pays bien à lui, dans sa langue imaginaire et qu'on n'a pas fini de se lasser de cet energumène.
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