Est-ce que l’art peut faire sortir le monde de l’obscurantisme ? C’est par cette question que l’on pourrait résumer la dernière œuvre de Joann Sfar. Seabearstein est un artiste maudit qui va se livrer à une expérience révolutionnaire, tenter de réveiller Salvador Dali, "le seul prohète non-religieux" qui est maintenu cryogénisé dans les réserves du laboratoire d’anatomie comparée de la rue Buffon.
Pour réussir cette prouesse, il doit vivre un moment artistique intense, un moment "daliesque". Enfermé dans une maison avec 4 muses, ils vivent une parenthèse artistique dense, intense. Elles prennent des pauses lascives et la magie opère : les peintures de Dali prennent vie sous les pauses de ces muses, et Seabearstein donne enfin libre court à son art…
Cet épisode artistique se déroule sur une période charnière en France : les attentats à Paris. Ainsi, sur quelques pages, il arrive à exprimer toutes les angoisses vécues une génération adepte de concerts, de sorties et de liberté. En une phrase, il conclut cette parenthèse : "On va montrer au monde que Paris est debout", et cette fin de parenthèse prend un nouveau sens : celui de la transformation de notre société post-attentat...
Sfar est un auteur prolifique, avec plus d’une centaine d’ouvrages à son actif, c’est un véritable bourreau de travail. Sfar est également un philosophe (Le Banquet de Platon) mais plus généralement un penseur qui réussit la prouesse de faire passer dans ses dessins toute la puissance de ses mots (voir ces innombrables chroniques et analyses de notre société).
Cette Fin de la parenthèse en est un vibrant témoignage. Son trait incisif rend hommage à Salvadore Dali tout en apportant une réflexion sur ce qu’est notre société au lendemain des attentats.
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